Pendant 17 jours, je vous livre mes sensations, mes impressions, mes sentiments de lecture au sujet du roman O de Miki Liukkonen, qui paraît au Castor Astral.
Quatrième jour
Je n’ai nullement le désir de tordre et de bossuer un apparatus criticus sans ambiguïté en un monstrueux simulacre de roman.
Feu Pâle, Vladimir Nabokov
De nombreux romans ont utilisé les notes en bas de page pour renouveler notre expérience de lecture : Lawrence Sterne dans Tristram Shandy, James Joyce dans Finnegans Wake, Vladimir Nabokov avec Feu Pâle ou encore David Foster Wallace dans L’Infinie Comédie. Le lecteur est amené à s’interroger sur les limités entre fiction et réalité.
Dans le roman O de Miki Liukkonen, les notes en bas de pages proposent elles aussi une nouvelle façon de plonger dans le roman. Ce qui est passionnant avec ces notes en bas de page, c’est qu’elles creusent une narration parallèle. Comme autant de signes d’un sens que le lecteur doit reconstituer. Comme un puzzle.
Il n’est d’ailleurs pas étonnant que la première note en bas de page soit une référence à Georges Perec, auteur de romans sous contraintes et grand amateur de puzzle.
Les notes en bas de pages ne sont-elles pas autant de pièces d’un puzzle à reconstituer?
L’art du puzzle commence avec les puzzles de bois découpés à la main lorsque celui qui les fabrique entreprend de se poser toutes les questions que le joueur devra résoudre, lors lieu de laisser le hasard brouiller il entend lui substituer la ruse, le piège, l’illusion. (…) On en déduira quelque chose qui est sans doute l’ultime vérité du puzzle : en dépit des apparences, ce n’est pas un jeu solitaire : chaque geste que fait le poseur de puzzle, le faiseur de puzzle, l’a fait avant lui. »
Georges Perec
Les notes en bas de pages du roman O de Miki Liukkonen sont d’autant plus savoureuses qu’elles tissent une histoire alternative, secrète, mineure, à l’instar de celle-ci :
Ces notes rappellent le plaisir de la liste, de l’art de la digression qui offre au lecteur la liberté de suivre un « gai savoir »:
A nous lecteur, lectrice, d’apprécier ces chemins de traverse pour creuser dans le texte des galeries inconnues. Pour mieux recomposer ce puzzle qu’est O de Miki Liukkonen.
A suivre.
Et on terminera avec une référence musicale présente dans le roman.
Pendant quatre secondes, j’entends dans ma tête la chanson de The Clash « Should I Stay Or Should I Go ».
O, Mikki Liukkonen