Chroniques littéraires

Besoin d'inspiration pour un titre, envie de découvrir de nombreux univers ou tout simplement de remplir sa pile à lire ?
Les chroniqueurs littéraires de Cultures Sauvages sauront répondre à votre fièvre de lecture, chacun avec son style sauvage.

Les articles récents

"Sortir au jour", Amandine Dhée, Éditions La Contre-Allée

Apaiser la vie, faire lien, rencontrer, être un "nous", quel qu'il soit. Une rencontre, un échange, une amitié, un mélange de pensées, une connaissance, un apaisement come des petits arrangements avec la mort. Une autrice, une thanatopractrice, des narratrices, de la beauté à la fois grave, poétique, profonde, sincére, philosophique, métaphysique, un très beau texte aussi révélateur que sensible.

"Anna Thalberg", Eduardo Sangacia, Éditions La Peuplade

Un premier roman d'un auteur mexicain, traduit en français et publié par des éditions remarquables. Un roman unique, atypique, incontournable de cette rentrée littéraire hivernale. Un roman sur une femme droite, honnête, pourtant jugée comme sorcière. Un procès historique meurtrier ravivé comme une flamme furieuse. Une plongée, un tour de force, de nous faire nous attacher à une héroïne jusqu'au bûcher, et ce faisant nous faire sentir sous nos yeux la folie meurtrière du procès des Sorcières de Wurtzbourg. Un pan tragique de l’histoire germanique revisité et un incroyable roman de cette rentrée, surtout.

"Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau", Stéphanie Kalfon, Éditions verticales

Une fille disparaît, un instant juste un instant, et tout vacille, se fissure... Un récit obsédant et vertigineux, où les sensations de doute et d’incertitude montent crescendo jouant avec nos nerfs, s’installant en nous, aussi, nous poussant malgré nous a lire d'une traite, haletant. Réinterroger sans cesse ni mesure ce qu'on a devant soi, pour mesurer l'écart entre les mensonges, les secrets, les non-dits et ouvrir ce faisant des brèches dans son imaginaire et ses pensées. Un roman où se demander quelle sera la fin est vain, car on ne peut lâcher ce livre, on voudrait, mais on ne peut pas. Alors, on y plonge sans fin.

"Le capital c'est ta vie", Hugues Jallon, Éditions verticales

Un roman à la fois original et fondamental pour comprendre la perte de repères réelle, actuelle et celle du"un personnage. Les logiques de marché ont-elles encore la moindre logique ? Sommes-nous des Sisyphes condamnés à rouler des rouleaux de fric ou à mourir ? Sommes-nous tous devenus de simples valeurs marchandes dont ladite valeur ne repose sur rien ? L'auteur et éditeur Hugues Jallon aborde dans ce texte l’emprise néfaste des marchés et le mal-être infini ainsi construit, détruisant le sens même de l'être.

"Le tumulte", de Sélim Nassib, aux éditions de l'Olivier

Un livre incroyable, emportant, nuancé, prenant, porté par une écriture aussi tumultueuse que juste, malgré le tumulte décrit. 400 pages à lire, pour savoir et comprendre, pour regarder l'histoire et le coeur de la vie de l'auteur, aussi, un roman qu'on lit vraiment sans le voir passer, tellement tout ce qu'il raconte est essentiel, prenant, historique, documenté. L'auteur est journaliste mais encore une fois, on se rend compte en le lisant qu'il est surtout écrivain talentueux, tellement.

"Un singe à ma fenêtre", d'Olivia Rosenthal, aux éditions Verticales : contre l'oubli ou la fuite, décortiquons.

En 1995, dans le métro de Tokyo, ont eu lieu 5 attentats au gaz Sarin , perpétrés par des adeptes de la secte Aum. Qu'en reste-t-il dans les mémoires aujourd'hui ? Un roman, un récit, un départ, une enquête, 25 ans après. Arriver au Japon interroger des habitants, qui n'ont pas été des victimes directes, mais qui ont été témoins (ou simplement au courant) de cet épisode tragique et saisir, ce faisant, autre chose, l'altérité observée, le Japon savamment écouté, senti, observé donc mesuré, le flou qui sépare le présent du passé, la pensée de du non-dit, le défini de l’indéfini, le personnel de l’impersonnel.

"Corps flottants", de Jane Sautière, éditions Verticales

"J'ai vécu mon adolescence à Phnom Penh de 1967 à 1970. J'en ai si peu de souvenirs que j'ai laissé toute la place à ces traces, des ombres projetées." Une recomposition sensorielle, une mosaïque de bribes et de corps mémoriel, une mémoire qui se clarifie par moments, par souvenirs comme un fil relieur, au cœur d'une touffeur tropicale, des rencontres, un premier amour qui tatoue une mémoire, et des odeurs. Et l'histoire, le Cambodge, les Khmers rouges, un besoin de révélateur pour faire parler les souvenirs qui nous hantent, aussi.

Une œuvre au cœur à corps

Grégoire Bouillier confère à son livre Le cœur ne cède pas une puissance électrique alors que les plombs du réel sautent. Faire sentir les pulsations du vivant face à nos morts successives. Marcelle Pichon ou l'autre nom d'un concert vertigineux dont la seule évocation du nom produit cette électricité atomique qu'on appelle littérature.

"Rodez Mexico", de Julien Villa, Rue de l'Échiquier

Un roman juste, une plume alternative guidée par un esprit loufoque et burlesque, mais qui sait interroger sur nos vies désormais toutes chiffrées, marchandisées, capitalismo-normalisées, n'étant plus que des objets. “Est-ce-que ta vie te plaît ?” Annie prend Marco en autostop et lui pose la question, une brèche s'ouvre, et si la question, il ne se l'était jamais posée, la réponse, elle, est dans ce roman. Une mise en abîme et en mots d'une lutte sans fin et d'un espoir qu'on espère malgré tout éternel, non mesurable, non comparable et non monnayable. Parce que Ya Basta.

"Les marins ne savent pas nager", de Dominique Scali, éditions La Peuplade

Roman fleuve, roman monde, roman unique, aventure, mappemonde, utopie et histoires d'eaux, un roman unique, vraiment. On ouvre, et on entre dans les eaux, sur les eaux, pour y faire tout ce qui s’y fait, dessus, dessous, bouleversé, brinquebalé, emporté, on est, par cette maritime utopie insulaire et littéraire, qu’on pensait être un roman d’aventure, de voyage, d’histoire, une île recrée, l’Histoire de l’île mythique d’Ys et de ses us et coutume, nature, culture et temps enfin réunis, avec sa cohorte de désillusion et ses navrantes nuances et définitions identitaires. Et surtout, surtout, une plume maline, créative et inventive. Partons pour l’île d’Ys, recrée comme re-née d’une légende bretonne ; arpentons un XVIIIe siècle réorganisé et dépeint aux goûts de l’auteure ; suivons la vie et les méandres d’une enfant de neuf ans : Danaé dite Poussin. Vous venez ?