Chroniques littéraires

Besoin d'inspiration pour un titre, envie de découvrir de nombreux univers ou tout simplement de remplir sa pile à lire ?
Les chroniqueurs littéraires de Cultures Sauvages sauront répondre à votre fièvre de lecture, chacun avec son style sauvage.

Les articles récents

"Je suis le dernier", d'Emmanuel Bourdieu, chez Rivages Noir

Une intrigue savamment emmêlée, une experte qui explore les dires de l'accusé façon "Lie to me". Un premier roman, ironie du premier/dernier, sombre et lumineux à la fois, sobre et intense, on sort du cadre du genre pour y plonger avec talent et respect. La sociologie, la psychologie, la philosophie sont des personnages secondaire de ce roman, il faut avouer. Bref, c'est un très très bon roman. Un face à face pointilleux, exaltant, brillant, aux phrases courtes qui percutent, puisque le vrai est l'objectif final.

"Les maisons vides", de Laurine Thizy, aux éditions de l'Olivier

Un premier roman à part, "porté par une écriture où le panache s’allie à la délicatesse", et dans lequel l'auteure, Laurine Thizy, s’impose comme une réelle découverte, talentueuse et novatrice. Gabrielle et sa rage, Gabrielle et son corps, Gabrielle et la GRS, Gabrielle et les araignées. La vie est présente, palpable, souple et intense à chaque page. Une histoire à la construction fine et intelligente, imprévisible et toute en tension, une lecture haletante, jusqu’à la révélation finale, sombre et brillante à la fois.

"Retour à Malataverne", de Pierre Léauté

Un hommage vibrant à un roman précédent de Bernard Clavel, un succès considérable où était décrite une France rurale en pleine mutation en proie à un fait divers. Le temps a passé, mais il nous offre aussi une replongée dans la suite de ce fait dans un roman qui s'installe dans la même France, 16 ans plus tard. Une replongée dans une campagne toujours peu charitable et pleine d'aigreurs tues, avec une tentative de rédemption, malgré tout.

Amour, extérieur nuit", de Mina Namous, aux éditions Dalva

Une histoire algéroise. Celle d'une femme qui veut se sentir bien, libre, qui veut se sentir être, et peut-être, au passage, aimer et être aimée. C'est donc, aussi, une histoire d'amour. C'est aussi l'histoire d'une sensation, puis d'un sentiment qui entre dans la peau, et qui remue, qui occupe, qui ressasse. C'est aussi un premier roman et une entrée sensible et touchante dans la littérature. Elle écrit, Mina Namous, intensément et de façon parfois douce, parfois cinglante, toujours juste.

"La vallée des fleurs", de Niviaq Korneliussen, aux éditions La Peuplade

Une écriture vibrante, à fleur de peau, une plume acérée et un regard vif. La réalité à laquelle se heurtent les jeunes Groenlandais, la difficulté de s’intégrer au monde et l’impossibilité ou la menace de ne pouvoir réussir à croire en soi. Une lecture crue, touchante, réelle et sombre sans jamais être sordide, car le réel regardé en face peut faire mal mais permet d'avancer. Une surprenante et belle découverte littéraire !

"Les idées noires", de Laure Gouraige, aux éditions POL

« Vous vous réveillez un matin, vous êtes noire.» Un matin, l'héroïne de ce roman pensait pourtant être encore la femme qu'elle était la veille. « C'est un objet encombrant une identité. » Bien souvent, ce sont les autres qui nous l'attribuent, quitte à nous enfermer dans une case, sans forcément traduire "case" par lieu d"habitation. La narratrice part, donc, vers les questions soulevées, un voyage identitaire, sans carte mais avec des questions sur soi par soi, dans le passé, vers les origines, en spirale, à se laisser vaciller entre présence, absence, origine et recommencement. Quelle aventure !

"L'arbre de colère", de Guillaume Aubin, aux éditions La Contre Allée

"Laisse-toi envelopper par les visions. Tu sais déjà voyager sur la terre, il te faut maintenant apprendre à voyager sous la peau". Une ode à la nature, à la forêt, un bel hommage à la culture amérindienne et à la bispiritualité. Un roman magistral peuplé de Longues-Tresses, d'Yeux-Rouges, de Barbes et de Chamanes, de meutes, de chants, de rituels, de vies. Un roman initiatique, celui du combat de Fille-Rousse pour gagner sa liberté de disposer de son corps, d'être, tout simplement.

"P.M. Ziegler, peintre", de Noëlle Renaude, aux éditions Inculte

"La pintoche, comme il disait, ne risquait pas de mourir. Les peintres mouraient. La peinture, elle, survivrait quoiqu'il arrive et quoiqu'on lui prédise de funeste." Un destin singulier qui semble universel. Un roman qui dépeint la vie d'un peintre de manière étonnamment apaisée et même parfois presque joyeuse. Un roman qui nous emmène admirer le « paysage d'une vie » passée le pinceau à la main, avec tous les mystères et non-dits que cela peut comporter. La beauté en retrait, modeste, belle, observatrice, aimante, comme la plume de l'auteure.

"Au printemps, on coupe les ailes des oiseaux", de Marion Guénard aux Éditions de l'Aube

Le récit d'une jeunesse sacrifiée, muselée dans sa colère après avoir ouvert une brèche de liberté, un drame peut-être encore trop méconnu de l'opinion publique internationale. Un moyen de comprendre et analyser les suites du "printemps arabe" et un fervent hommage à toutes celles et ceux, qui, malgré la répression qui ensanglante un pays, continuent à s'accrocher à ce qui reste de leur rêve révolté.

"Ordure", d’Eugene Marten, préface de Brian Evenson, chez Quidam éditeur

Une histoire horrible et prenante qui se déroule aux États-Unis, mais pourrait se passer dans n'importe quelle mégalopole où les déchets et les rebuts s'amoncellent loin des regards. Un roman américain enfin traduit en français où les ordures sont littéraires, les phrases ciselées et les mots taillés mêle si sales, ne sont pas sans rappeler certains romans de Ballard ou Bret Easton Ellis, quand le réel est mis à nu sans sa perversité, comme dans les films de David Lynch ou Abel Ferrara.