Découvrez Marina Zindy, à travers une série de textes dans lesquels elle nous fait plonger dans son univers.
Voici le troisième volet.
Du corail, des fossiles et du plastique ( 2)
Je connais le corail de Méditerranée d’aujourd’hui.
J’ai découvert le corail alsacien d’hier.
Plus précisément celui qui date du Jurassique : 250 millions d’années environs nous séparent.
Visible à la maison de la terre à Sentheim, des anémones, coraux et autres crustacés sont exposés dans ce musée après avoir été libérés de la pierre calcaire des environs.
Il faut beaucoup d’imagination pour se projeter dans ce paysage préhistorique où la mer recouvrait la plaine d’Alsace. En tant que céramiste, je propose des sculptures qui permettent de remonter le
temps.
Les moulages que je réalise à partir de ces fossiles, me permettent d’en créer de nouveaux en court-circuitant la frise chronologique traditionnelle.
À la fois passé-présent-futur, ces céramiques bouleversent nos repères. Ce sont des fossiles contemporains.
Le feu permet en une nuit de transformer l’argile plastique en rocher figé à jamais.
Daniel de Montmollin a comparé le potier à « un inventeur de pierre ». J’invente des fossiles d’aujourd’hui.
Pour le projet Une bouteille à la mer, les fossiles deviennent substrats pour bouturer le corail.
Pour découvrir ce projet, rendez-vous sur :
https://ecerfvelee.com/site/une-bouteille-a-la-mer/
Ces nouveaux fossiles ont leur existence propre. Ils sont aussi sculptures, installations, dans un espace muséal.
Les ammonites et les stromatolites sont mes motifs premiers. Formes primitives et hypnotiques.
Les stromatolites, semblables à l’onde de l’eau, sont la preuve de la vie sur terre. Ils sont apparus, il y a environ 2,5 milliards d’années. Un temps démesuré, une preuve émouvantes d’un bouleversement dans le cycle de notre planète : l’oxygénation de la terre rendue possible grâce à
cette toute première forme de vie aquatique.
Depuis peu et grâce au partenariat mené avec une grande entreprise industrielle, mes créations portent la marque des plis d’un autre temps. Après l’empreinte naturelle, c’est l’empreinte artificielle
qui est détournée et exploitée.
L’argile crée un écart, l’origine des formes ne peut pas être identifiée.
Au spectateur de les éclairer par son regard.
Le référent est de plus en plus distancié : par le moulage, l’estampage mais aussi par le passage du volume au travail en deux dimension.
Je démarre un travail sur l’image. La sérigraphie me permet de jouer avec de nouveaux motifs, de faire résonner la nuit des temps en écho aux techniques contemporaines.
Pour aller plus loin, retrouvez la biographie parcours de Marina Zindy :