Découvrez Marina Zindy, à travers une série de textes dans lesquels elle nous fait plonger dans son univers.

Voici le premier volet.

Marina ZINDY devant le moule en métal servant à réaliser une bouteille de gaz en céramique.

Sa biographie parcours

Marina Zindy vit et travaille à Lauw en Alsace dans la vallée de la Doller. Elle questionne l’identité forte de ce paysage occupé par les anciennes montagnes des Vosges et la rivière de la Doller. Une vallée est par définition un espace situé de part et d’autre d’un cours d’eau. L’eau est bien l’élément de la recherche artistique portée par Marina Zindy, cette exploration qu’elle déplace d’un territoire à l’autre. Pour donner corps à ces horizons qu’elle convoque, Marina Zindy crée des bouteilles en céramique qui s emblent comme surgies des tréfonds de la terre, elle interroge une archéologie du voir afin de fabriquer des objets solides, en terre, puissants, presque ancestraux.

Bouteilles à la mer, argile locale, impression 3D en PLA phosphorescent, 2020
Crédit Marina ZINDY

Son atelier se nomme l’Ecerfvelée, ce terme renvoi à un trophée de chasse de cette région forestière. Le trophée triomphant sculpté par Marina Zindy est le gardien de cet espace de création.
Artiste Pénélope, Marina Zindy n’hésite pas à défaire la nuit ce qu’elle a pensé le jour.
Elle voyage, suit le fil de l’eau pour associer un autre continent l’Asie, plus précisément l’Indonésie. Cette fois, la rivière quitte la vallée et se jette dans la mer. Récompensée par le prix de l’Audace Artistique et culturelle en 2018, Marina Zindy aborde la problématique de la création en créant des passerelles entre deux mondes. Un territoire forestier, continental et humide, associé au monde sous-marin indonésien. Ce projet artistique a
pour mission de préserver l’écosystème sous-marin en bouturant du corail pour repeupler les zones qui ont été abîmées par l’homme. Après avoir rencontré l’Association Cikal et le club de plongée Anémon de l’université de Lampung en Indonésie, Marina Zindy oeuvre à la création de son projet de jardin sous-marin où les coraux évolueront dans des sculptures en céramique. Des dizaines de bouteilles prendront leur place dans les fonds
sous-marin indonésien. Étrange présence, objets artistiques en céramique, presque terrien dans la forme première, il s’agit bien ici de penser un espace aquatique, non visible d’emblée, enfoui, peuplé de nombreuses espèces vivantes. Quid des habitants des fonds sous-marin, qui survivront au désastre peut-être et concevront un habitat avec ces bouteilles posées là par une jeune artiste dont la volonté est de « Réenchanter notre réel »
comme nous le suggère l’astrophysicien et philosophe Aurélien Barrau. Il s’agit bien là de résistance poétique.

Bouteilles à la mer, argile locale, impression 3D en PLA phosphorescent, 2020 Crédit Marina ZINDY

Jardiner les possibles, créer des espaces enchantés et enchanteurs, réintroduire par le geste de la création ces parcelles d’humanité qui nous échappent. Le temps compte dorénavant, il y a urgence, nous sommes dans un voyage à rebours où notre existence semble menacée. Face à l’extinction massive en cours il semble vital d’inventer de nouvelles alliances. Marina Zindy convoque et provoque ces possibles, ce sont des cabanes incertaines, des zones de dialogues éloignées, qu’elle parvient à réunir par
l’assemblage, le façonnage de la terre, et par cette énergie créatrice qui lui est propre et semble surgir d’un monde très ancien. Au fil de l’eau, sur le fil de nos rêves, Marina Zindy est une Ophélie des temps modernes, l’eau est le symbole organique du féminin. A l’inverse du mythe d’Ophélie qui choisit la mort, Marina Zindy nous montre sa croyance en la vie, chamane de l’art, elle ne jette pas des bouteilles à la mer, mais les ordonne avec réflexion, geste éminemment symbolique dans un monde abîmé ou la mer et l’océan occupent 70 % de la surface du globe. Elzéard Bouffier héros de L’homme qui plantait des arbres roman écrit par Jean Giono, réconcilie l’homme et la nature en plantant des arbres, des milliers d’arbres. Solitaire et taiseux, il récolte et trie des glands, conscient que sa terre meurt par manque d’arbres. En trois ans il plantera près de 100 000 arbres. Marina
Zindy
à sa manière croit en une métamorphose possible.

24/10/2019
Pascale Kieffer-Lietta, responsable de l’Artothèque de Montbéliard.

Volume au sol : Marina ZINDY, « Une bouteille à la mer », installation, artothèque Ascap « Semer les Possibles », Montbéliard, 2021 Œuvre graphique, Zoran MUSIC, Colline Dalmate, eau forte, 1967, collection de l’artothèque

PARCOURS
2021
Semer les possibles, Artothèque, Montbéliard
FEW, crypte de l’église, Wattwiller
Ateliers Ouverts, Accélérateur de Particules
2020
Exposition collective Embouteillage, Musée de la Céramique, Ger, Normandie
2019
Exposition collective De belles (re)trouvailles, galerie Art’Course, Strasbourg
Dessins éphémères, Intervention art et musique, Hôpital Émile Muller, Service Oncologie, Mulhouse
2018
Ateliers Ouverts, Accélérateur de Particules
Exposition collective TIRAGE(S), Le Séchoir, Mulhouse
Exposition collective Tout un monde dans une coupe, musée DECK, Guebwiller
Installation céramique sous-marine, L’Écerfvelée, Lampung, Indonésie
https://ecerfvelee.com/site

Pour aller plus loin, visitez le site de Marina Zindy en découvrant la vidéo de la présentation de son atelier L’Ecerfvelée

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