Pendant 17 jours, je vous livre mes sensations, mes impressions, mes sentiments de lecture au sujet du roman O de Miki Liukkonen, qui paraît au Castor Astral.

Troisième jour

Ce que le physicien, mathématicien et inventeur américano-serbe Nikola Tesla conçut dans son laboratoire après avoir déclaré, suite à la mort de son pigeon chéri en 1922qu’il n’était plus capable de rien créer de neuf, n’était pas de notoriété publique.

O, Mikki Liukkonen

La lecture du roman commence à opérer une certaine addiction. Addiction due au fait de cette construction circulaire car le roman O nous présente des histoires et des personnages de manière composite. En opérant par retours successifs des personnages et de leur destins.

Dans le journal du deuxième jour, j’évoquais Henry James. Il est toujours passionnant dans des romans-mondes d’essayer de déterminer le cœur même du roman, son centre névralgique. Or, il semble que Miki Liukkonen fonctionne de manière périphérique et que c’est cette périphérie qui travaille sur la gravité du roman. Chercher à trouver dans le déséquilibre même un centre narratif, une gravité suspendue.

Il est d’ailleurs particulièrement intéressant de trouver au sein du roman la figure de Nikola Tesla, autour de laquelle gravite la famille Zoltanfi (trois générations).

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En littérature, tout est question de courant et de transmetteur. Pour un écrivain, il n’est pas tant question d’être styliste, alchimiste ou magicien. Il faut être électricien. Considérer les phrases comme des fils électriques.

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Tesla est d’ailleurs une figure que l’on retrouve chez Jean Echenoz dans son roman Des éclairs, à travers le personnage de Grégor.

La naissance de Gregor se déroule ainsi dans cette obscurité bruyante jusqu’à ce qu’un éclair gigantesque, épais et ramifié, torve colonne d’air brûlé en forme d’arbre, de racines de cet arbre ou de serres de rapace, illumine son apparition puis le tonnerre couvre son premier cri pendant que la foudre incendie la forêt alentour. Tout s’y met à ce point que dans l’affolement général on ne profite pas de la vive lueur tétanisée de l’éclair, de son plein jour instantané pour consulter l’heure exacte – même si de toute façon, nourrissant de vieux différends, les pendules ne sont plus d’accord entre elles depuis longtemps.

Jean Echenoz, Des éclairs

Cette famille Zoltanfi est assez fascinante, avec tout ce qu’elle comporte de faux-semblants et de mystères.

Ce roman, tout en intégrant la science et un discours scientifique, sait ménager la fantaisie et « le motif dans le tapis » cher à Henry James. Cette idée qu’on nous cache quelque chose. Ce roman de Miki Liukkonen pousse le lecteur à reconstruire lui-même le sens des évènements.

A suivre.

Et on terminera avec une référence musicale présente dans le roman.

Mais sa brève période finlandaise d’autrefois et son exil en Espagne lui avaient laissé de cicatrices neurologiques incurables qui grevaient sa capacité de coordination, son jeu se dispersait en saccades à la Gilles de la Tourette; ses doigts, jadis si maitrisés, étaient devenus d’indomptables pattes d’araignée qui passaient de Bach à Coleman, de Lizst à Sun Ra, brusquement au gré de fâcheux caprices neurologiques…

O, Mikki Liukkonen

Antoine

S’il fallait résumer ma vie, je dirais que je suis un mélange entre Laure Adler, Droopy et Edouard Baer.

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