Pour sa réouverture, la Fondation Schneider offre une exposition en partenariat avec le musée du Quai Branly-Jacques Chirac. L’exposition Les Territoires de l’Eau est visible jusqu’au 26 septembre 2021.

Les inuits possèdent 52 mots pour définir la neige. En France, nous en possédons une quarantaine pour définir la pluie. L’eau est non seulement vitale mais révèle aussi une identité.

C’est ce que la Fondation Schneider tente de montrer via un partenariat avec le musée du Quai Branly – Jacques Chirac.

Renaud AUGUSTE-DORMEUIL, From Here to Here, 2014
Fondation François Schneider, Wattwiller- photo ©Julien Amillard

Au-delà d’objets créés pour la survie (jarre, hameçon, ligne de pêche, parka), les différentes peuplades couvrant le monde donnent à l’eau des aspects divins.

Aussi, il est passionnant de découvrir des statues de dieux et déesses de la pluie, incarnation dans la pierre d’un élément fluctuant, d’un monde du rêve parsemé de points et de lignes.

A ces objets magiques, l’exposition propose aussi une relecture de la collection d’œuvres d’art contemporain de la fondation.

Ligne de pêche et hameçon, milieu XIXème
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac- photo ©Julien Amillard

Ainsi, les poissons en verre d’Yves Chaudouët installées près d’outils de pêche sont comme une invitation à pécher un état d’esprit ; ou bien encore des statues mexicaines confrontées à une nouvelle planète créée par Guillaume Barth.

Les sens se questionnent dans ce va-et-vient entre des objets contemporains questionnant notre société et des objets caractérisant un sens du sacré.

Peinture aborigène d’Australie
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac – photo ©Julien Amillard

Etrangement, une certaine fatuité se dégage alors des objets contemporains quand une humilité entoure les créations des peuples dits premiers.

Yves CHAUDOUËT, Les poissons des grandes profondeurs ont des pieds, 2006
Fondation François Schneider, Wattwiller – photo ©Julien Amillard

Mais il ne faudrait pas croire pour autant que cela est une critique de l’art contemporain. Il en va de même pour les objets des arts premiers : l’Art n’est toujours que le reflet d’une vie, l’empreinte d’une société, d’une pensée. Aussi, il est intéressant de mettre en relation, du fait de la scénographie entre autres, une pensée dite primitive et une pensée contemporaine.

Dès lors, la carte de navigation des Iles Marshall est intéressante à confronter avec la première œuvre disposée à l’entrée de la fondation, l’installation de Renaud AUGUSTE-DORMEUIL, From Here to Here, consistant en un trou d’eau perpétuel.

Carte de navigation, fin XXème siècle
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac – photo ©Julien Amillard

La carte, objet pour trouver son chemin, perd de son sens dans un musée pour devenir objet décoratif quand l’installation propose un temps suspendu et infini, un présent inaltérable. La carte ne devient plus qu’un objet graphique quand le trou d’eau devient objet poétique, objet « sacré » sur un écoulement en vase clos et pourtant infini.

Une exposition riche et surprenante autant par les objets qu’elle présente que par leur dialogue. Une exposition à voir, à ressentir et à rêver après l’avoir quittée.

Laisser un commentaire