Jusqu’au 11 juillet 2021, la Fondation Beyeler basée à Riehen expose l’installation LIFE du plasticien Olafur Eliasson.

Riehen est une petite ville dans la banlieue de Bâle et à la frontière avec l’Allemagne. Elle ressemble à toutes les villes Suisses : propre, verte, agréable pour une petite balade.

C’est dans cette ville que le couple Beyeler firent construire leur fondation.

Antiquaires, ils devinrent galeristes. Le long de leur existence, ils développèrent en outre une collection d’art moderne.

En 1997, la fondation construite par Renzo Piano (l’architecte qui conçut aussi le centre Pompidou à Paris) ouvrit ses portes à Riehen.

Le couple est aujourd’hui décédé mais leur fondation continue de proposer des expositions singulières.

Ainsi, jusqu’au 11 juillet, vous pourrez découvrir l’installation LIFE d’Olafur Eliasson.

Olafur ELIASSON, The Weather Project, 2003
Tate Modern

Pour ceux qui ne parviennent pas à visualiser qui est cet artiste, il s’agit d’un plasticien danois vivant et travaillant à Berlin.

Son travail tisse une relation entre la nature, les événements naturels, et la technologie. Ainsi, il va reproduire grâce à des machines un soleil couchant perpétuel (The Weather Project) ou encore une chute d’eau (Waterfall).

Olafur ELIASSON, Waterfall, 2016
Versailles

Dans le cadre de son invitation à la fondation, Eliasson a réalisé une installation agrandissant le jardin, laissant l’eau du bassin pénétrée jusqu’à l’intérieur du musée.

Olafur ELIASSON, Life, 2021
Fondation Beyeler, photo ©Julien Amillard

Les murs extérieurs ont été retirés, des plateformes créées pour permettre une déambulation dans le musée sans avoir à mettre les pieds dans l’eau.

Olafur ELIASSON, Life, 2021
Fondation Beyeler, photo ©Julien Amillard

L’idée d’Eliasson ici est clairement de faire rentrée la vie dans le musée.

Il ne s’agit dès lors plus d’une allégorie telle une peinture traitant de la beauté de la vie mais d’exhiber la vie via l’eau, élément fondateur, et les plantes poussant à l’intérieur de l’installation et se propageant dans des salles conservant leur aspect « white cube » mais se retrouvant dans le même geste, submergées par cette vie coulant, poussant partout.

Olafur ELIASSON, Life, 2021
Fondation Beyeler, photo ©Julien Amillard

La couleur verte va dans ce sens. L’eau fut teintée pour nous rapprocher toujours plus de l’idée de la nature.

Or, nous ne sommes pas dupes. Il est clair que nous sommes face à une nature artificielle.

Olafur ELIASSON, Life, 2021
Fondation Beyeler, photo ©Julien Amillard

C’est alors le moment pour la déambulation de nous faire revenir vers le jardin, création humaine pour « diriger » la nature. Dès lors, entre ce jardin verdoyant et l’installation imitant la nature, qu’est-ce qui est le plus artificiel ?

Les artifices d’Eliasson soulèvent de nombreuses questions sur notre rapport à la nature et sur les musées montrant cette nature mais, et c’est toujours le cas avec ses installations, c’est avant tout une expérience phénoménologique.

Nous, spectateurs, ne pouvant rester à l’écart. Nous sommes obligés de déambuler, d’habiter ses installations pour la vivre.

Ainsi, LIFE est une invitation à vivre une expérience muséale unique.

Olafur ELIASSON, Life, 2021
Fondation Beyeler, photo ©Julien Amillard

Et puis, comme pour contrebalancer le sérieux d’Eliasson, en quittant le jardin, vous tomberez sur une installation de Fischli & Weiss. Ce duo de plasticiens Suisses, toujours pertinents et quelque peu ironiques, proposent avec son Snowman un bonhomme de neige perpétuel car piégé dans un congélateur.

Fishli & Weiss, Snowman, 2021
Fondation Beyeler, photo ©Julien Amillard

Le commissaire d’exposition propose alors une relecture extrêmement pertinente des deux installations : le bonhomme de neige semble se moquer des tentatives d’Eliasson pour copier la nature.

Il a « conscience » de n’être là que pour un temps et que ce n’est que grâce à la technologie qu’il peut continuer à nous sourire.

Là où Eliasson essaie de dissimuler les éléments technologiques de son installation, le duo Suisse l’exhibe : le congélateur, massif, met en évidence l’artifice. Et après ? Il reste un sourire.

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