Luca Ohnmeiss – Chant

Invisible Touch

Si mes parents devaient rédiger cet article, ils diraient sûrement que j’en suis là aujourd’hui grâce aux cours d’accordéon auxquels ils m’ont inscrits lorsque j’avais sept ans. C’est sûrement un point de départ, sans mentionner notre guitare de voyage, ou encore les CDs de Genesis qui tournaient sans cesse à la maison.

Même si je suis reconnaissant de ce que cet instrument m’a apporté, je n’ai pas hésité une seule seconde à le vendre à mes seize ans pour m’acheter ma première guitare électrique.

Hybrid Theory

De mon point de vue, le vrai point de départ se situe trois ans plus tôt. Mon frère et moi  adorions nous adonner à des concours de volume interminables depuis nos deux chambres voisines, Metallica de son côté, 50 Cent du mien. Je détestais le rock, ça ne se mélangeait pas très bien au rap US.

Mais le jour où il me prêta innocemment un CD de Linkin Park, j’ai compris que je m’étais trompé. Séduit dans un premier temps par le flow de Mike Shinoda, je me vis transporté par le son puissant des guitares électriques et la voix saturée du chanteur. J’ai alors cherché à me connecter par tous les moyens à cette musique et c’est là que j’ai essayé de chanter. Mon frère avait appris toutes les parties de rap par cœur. Je serais Chester, il serait Mike, c’était génial !

J’ai mué depuis la 6ème et c’était bien trop aigu pour moi. J’ai alors sorti mon accordéon et essayé de reproduire l’intro de la chanson Faint à l’accordéon. Ça, c’était pas génial.

Crédit : Bruno Liénard

Splinter

J’ai mis un certain temps pour passer à autre chose, comme avec tous les groupes que j’ai pu écouter. Un coup de cœur était pour moi un groupe que je voulais imiter sous tous ces aspects, je voulais être tout le groupe à moi tout seul. Taper sur les fûts, gratter les cordes, crier, chanter..

Après avoir essayé toute la discographie de The Offspring en voix de tête, j’ai décidé que j’allais m’acheter une batterie. Les rythmes effrénés du batteur me faisaient vibrer jour et nuit. Après avoir essuyé un refus radical de mes parents, j’ai acheté une basse et un ampli.

By The Way

Flea, le bassiste des Red Hot, est très vite devenu mon modèle à suivre. Je me suis acheté la même basse que lui (en moins cher) et j’ai commencé à faire des pompes (moins efficaces apparemment).

J’ai bossé sur Aeroplane et Can’t Stop pendant des semaines. Au bout d’un été passé dans ma chambre j’arrivais à jouer plusieurs albums. Je n’ai pas souvenir d’avoir fait d’autres choses de mes journées à cette époque de ma vie.

Nevermind

Avec mon premier groupe, on jouait About A girl de Nirvana. La ligne de basse m’ennuyait, sans parler de la voix de Kurt que je n’arrivais pas du tout à reproduire.

En dehors des répétitions je cherchais un moyen d’en améliorer mon interprétation. Après deux heures d’essais, j’ai posé ma basse et mon frère étant absent, je suis allé piquer sa guitare électrique dans sa chambre. Quand il a fini par s’en rendre compte au bout de quelques semaines, j’étais déjà complètement accro. Finalement cela lui importait peu !

J’ai ensuite fait de sacrées découvertes, je pouvais modifier les tonalités de mes morceaux préférés à l’aide d’un capo, et même désaccorder la guitare pour avoir un son plus grave. Alors j’ai pu commencer à chanter vraiment comme je le voulais.

Definitely Maybe

« Is it my imagination

Or have I finally found something worth living for?

I was looking for some action

But all I found was cigarettes and alcohol. »

Avec ces mots j’ai mis le pied dans ce qui allait animer ma vie des années durant…

C’est les chansons d’Oasis que j’ai entonnées dans mon premier vrai groupe de rock. Elles en étaient même le moteur. Je n’y comprenais rien, mais cela me paraissait léger, insensé, et en même temps plein de sens. L’accordéon était passé aux oubliettes, j’avais trouvé mon truc. J’avais alors 16 ans et mes premières compos sont arrivées. Après plusieurs essais médiocres, j’ai proposé plusieurs titres à mon groupe  qui s’appelait Innuendo . La composition de I would try Something reste mon meilleur souvenir et je reste très nostalgique de cette époque. C’était de l’écriture spontanée, irréfléchie, adolescente…

https://innuendo1.bandcamp.com/track/i-would-try-something

C’est après la sortie de cet album que j’ai rencontré les mecs de Shilly Shaelly. Aujourd’hui j’essaie souvent de retrouver ces intuitions d’adolescent lorsque je compose et que j’écris.

Pour moi une chanson est comme une capture d’un moment précis. Un condensé d’émotions qui doit être le plus fidèle possible. C’est quelque chose que je trouve de plus en plus difficile à accomplir en tant qu’adulte, car je réfléchis parfois un peu trop.
Néanmoins, quand j’écoute Impossible Harmony qui est sur notre dernier EP, j’arrive à ressentir à nouveau ce que je voulais transcrire. Mon âme d’adolescent ne doit pas être totalement perdue…

https://shillyshaelly.bandcamp.com/track/impossible-harmony

Crédit : Shilly Shaelly

Tous ces albums que j’ai pu écouter en boucle sur ma chaine hi-fi ont forgé mon parcours musical. Si on continue de sortir des albums physiques aujourd’hui, que ce soit avec mon groupe Shilly Shaelly ou avec The Bowstrings, je pense que c’est en partie lié à tout cela. C’est un plaisir de tenir ces objets entre mes mains et de repenser aux groupes qui ont rythmé ma vie.

Pour aller plus loin, découvrez la biographie de SHILLY SHAELLY :

Alliant sans concessions la pureté du rock aux infinies possibilités de l’électro, les cinq musiciens de SHILLY SHAELLY guident nos pas dans une introspection sombre et dramatique. Au rythme d’une batterie puissante, de guitares accordées à la baisse et de vibrations synthétiques envoutantes, ce voyage aux inspirations filmiques est raconté par des voix sensibles, énergiques et audacieuses, à la recherche de leurs limites.

L’aventure scénique du groupe culmine en 2019 lorsqu’il est élu lauréat du tremplin Le Chien à Plumes, ce qui lui offre la chance de fouler la scène du même festival à Langres et de décrocher une dizaine de concerts dans les mois suivants. Dans la continuité de leur single I Wanna Get Out, le groupe enregistre leur nouvel EP Dark Conversation, qu’il défend pendant l’été 2021 à l’occasion de  quatre concerts : Le Grillen à Colmar, le Festif’Thann, le festival Rock’n’Bock et le Vach’ de Rock à Nancy.

Retrouvez l’interview de SHILLY SHAELLY menée par Cultures Sauvages :

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