Découvrez Céline Lachkar, à travers une série de textes dans lesquels elle nous fait plonger dans son univers.

Voici le cinquième et dernier volet intitulé : OUVRIR LES PIERRES ….LE TISSU

Dessiner comme ouvrir les pierres 1 – Crédit : Céline Lachkar

Dans ma pensée, des liens se multiplient entre le vivant, l’intelligence, le sens, le lien, le symbole, le tissu, l’interdépendance,..et la beauté aussi, « signe par lequel la création nous signifie que la vie a un sens » (François Cheng), et qui devient un « geste politique » (elle nous amène à une réappropriation de notre attention, pour Annie Lebrun).

« Je me souviens que dans une interview, à la fin de sa vie, Einstein disait à un scientifique italien : « Nous devons découvrir une autre forme de pensée pour éviter la catastrophe ». Une des issues, des sorties de la crise dans laquelle nous sommes, passe évidemment par l’unification de ce qu’est l’homme. Je pense que par la poésie peut s’opérer une sorte d’unification de tout ce que l’homme est capable de créer, de donner, d’être. Il nous faut une pensée plus ouverte, plus unitive, plus complète. »

(Roberto Juarroz)

La pensée vivante qui ouvre,

le dessin vivant qui ouvre, remet en circulation en regard des dessins de sable de poudre d’Inde, des Iles Vanuatu, Angola..

Dessins magnétiques, dessins vibratoires, figures acoustiques, « sonoglyphes », ponts graphiques, nourriciers, entre la biologie, l’acoustique, les agroglyphes et les arts traditionnels.

“Dessiner, c’est aller loin dans les pierres” (Yves Bonnefoy)

“Les dessins laissés sur les pierres des grottes abandonnées finissent toujours par les ouvrir” (Roberto Juarroz)

Dessiner comme ouvrir les pierres 2 – Crédit : Céline Lachkar

Cuisiner des cabanes enchantées,

des abris de lumière, de joyeux nids invulnérables

Nous émerveiller de la fine horlogerie de l’univers que nous sommes,

nous émerveiller de la force de nos pensées et de nos émotions sur notre propre matière,

nous émerveiller du sculpteur que nous sommes dans notre propre temple,

nous émerveiller de l’infinité d’informations au sein de chaque cellule, de chaque proton, de chaque unité de vie,

nous émerveiller de la fenêtre, du lien qu’elle est vers plus vaste que notre corps,

nous émerveiller de l’infiniment grand dans l’infiniment petit,

nous émerveiller de notre pouvoir d’y regarder avec attention et confiance

pour y trouver notre plus grand espace de liberté où même l’ombre est lumineuse,

nous émerveiller du cocréateur que nous sommes relié au-delà de confiné, puissants d’agir aussi à la source du tangible.

Le plus loin des extrêmes qui se rejoignent toujours, c’est le centre, le juste milieu.

La position qui inclut tous les points de vue.

Dedans, dans le cœur du cœur, pas de périmètre. L’attention comme le goulot d’une bouteille sans limites, comme le diaphragme d’un sablier sans fin

Dessin impression et broderie sur tissu – Dégel

Le trésor est dans l’accueil de tous les possibles.

Entendre le tissu.

Emprunter le chemin du solide au liquide

Minéralisé

Le regard stéréoscopique (stereo = solide)  produit des fossiles réconfortants…

Clignotant , miroitant, il  n’a pas le temps de voir l’épaisseur .

Il aplatit pour mieux fragmenter encore.

Sculpture fibre optique plexiglass laiton – Lunette

La question est : Comment ramasser les morceaux ?

Comment voir le my dans le stere,

ce qui se meut dans le solide ?

Chercher l’axe de profondeur

Mais la main compulsive, consommatrice tâtonne

 tant que le regard, affalé, reste solide

Tout paraît plat et gros d’ennui parce qu’on y bute

Alors s’approcher 

introduire la verticale dans l’horizon

= marcher

la marche plutôt que la routine 

celle du Petit Poucet dans son retour au foyer qui réunit les cailloux

dans sa trajectoire

l’ajustage, la réduction des marges,  

l’équilibre

la chaleur de la précision

= croiser

par l’exercice, la répétition du geste qui renouvelle

décapsuleur

par l’attention qui dissout, qui dit sous

qui fuse les deux en un par le troisième

par le soin, le massage la rotation

c’est ainsi que la perceuse perce et l’astre se stabilise

Raconter cette pensée du travail, de sa fonction dissolutrice

en mettant en scène, en contes, le jeu d’analogies :

dissolution-massage-concentration-solide-liquide-optique

en réalisant des  «  sabliers de vue » pour la mener profond

introduire dans chaque fragmenté un point d’inflexion

réchauffer des géométries tombées dans le plat

questionner leur axe manquant

chercher le sym du symbole

pour restaurer un centre évité

Gouache et encre- Les Méditants

Pour aller plus loin, lisez la bio-démarche de l’artiste dans son premier volet :

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