Un univers étrange

Né en 1954 à Tokyo, Hisaki Matsuura est un professeur, poète et écrivain japonais. Docteur en littérature française (Sorbonne Nouvelle – Paris 3), et devient en 1982 professeur adjoint au département de français à l’université de Tokyo où il est maintenant professeur de culture et de représentation (ça on en reparlera du coup, de la représentation).

« Nous revenons. Vous comprenez ? C’est un point essentiel. Nous n’avançons pas vers un point final qui est la mort. Nous revenons. Nous revenons vers un « présent » différent. Nous tournons sur nous-mêmes et glissons à l’intérieur d’un « présent différent »

Wopopop avant d’avoir trop mal à la tête, partons du principe que l’un des objets principaux de ce livre se caractérise par le jeu perception / réalité /représentation sans rester 20 minutes sur ces quelques lignes.

Un cauchemar éveillé

Le résumé : Otsuki , jeune plus ou moins gigolo, ex étudiant, ex travailleur, ex toxicomane se retrouve associé par un hasard plus que douteux à la réalisation et l’achèvement d’un film entomo-pornographique (oui oui le correcteur orthographique n’y est pour rien). A partir de sa participation à cette expérience Otsuki se trouve (et nous avec) plongés dans un demi rêve éveillé, en tout cas bien cauchemardesque où se croisent malfrats, hôpitaux psychiatriques, manipulateurs, identités troublées et métaphysique bousculée.

Un roman à tiroirs

Bon à partir de là, les ingrédients qui nous sont proposés dans ce récit, vous l’aurez compris, sont assez hétérogènes et disparates. Si l’on veut remettre un peu d’ordre dans tout cela repartons de l’origine de la narration.

Otsuki, jeune plus ou moins débauché, en tous cas sans attaches fixes et à la ligne de flottaison vitale variable, se perd un peu au quotidien. Pas de travail, études abandonnées, relations amoureuses variables, bref un candidat parfait à adhérer à un projet un peu plus structurant. Sauf que. Sauf qu’au hasard de ses errements tokyoïtes, une ancienne connaissance croisée au hasard va lui proposer la participation à un projet arty-pornographique, proposé et commandité par un Maître calligraphe célèbre.

En acceptant de regarder les premiers rushs, Otsuki va peu à peu participer au projet. Par cet investissement progressif Otsuki va, par jeu de négatif, voir ses fragiles repères peu à peu s’écrouler en voyant sa vie traversée par tout un tas de représentations artistique set littéraires, plus ou moins tirées au trait forcé et caractérisés par ses rencontres avec des personnages clés.

Le sel de cette lecture se trouve donc donc dans la capacité du lecteur à rendre la cohérence à cette juxtapositions de tableaux formels ou métaphysique.

L’auteur se permet alors un jeu où il mêle allègrement considérations métaphysiques sur le temps, l’identité et l’art (entre autres), les genres artistiques traversés par son écriture ou évoqués (polar, thriller, roman de formation -à l’envers- et calligraphie, soit l’art de l’écriture de la forme au-delà du fond) et jusqu’à convoquer des personnages devenus semi légendaires au Japon et pour le moins adaptés à son récit (la femme samouraï Tomoe Gozen, évocation paroxystique de ces personnages et lieux offrant une double lecture permanente : l’immédiat et le symbolique).

Le sel de cette lecture se trouve donc donc dans la capacité du lecteur à rendre la cohérence à cette juxtapositions de tableaux formels ou métaphysique. Entre eux et parmi eux.

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