La lecture comme une blessure

 » Je pense à une blessure car étrangement, se mêle une notion de douleur à l’amour que l’on porte à certains livres. Il s’est enfoncé dans vos chairs, non pas avec précaution et finesse, mais avec une violence impitoyable. »

Philippe Djian parlait ainsi dans Ardoise de ce qu’on peut ressentir à la lecture d’un livre qui vous marque.

C’est ce que j’ai ressenti à la lecture du roman de Laurent Petitmangin, Ce qu’il faut de nuit, qui paraîtra le 20 août à La Manufacture de livres.

Une blessure.

Il nous parle d’un père, qui doit faire face à la maladie de sa femme. Et de la manière dont il va essayer d’élever ses deux fils, Fus et Gillou. Ce qui est admirable dans ce roman, construit sans qu’aucun mot ne soit en trop, c’est l’écriture à l’os. Chaque chapitre apparaît comme la photographie d’un instant. Laurent Petitmangin ne s’appesantit jamais. Il évoque la réalité politique et sociale d’une région qui doit faire face aux espoirs déçus et à la misère grandissante.

Des personnages forts et nuancés

Laurent Petitmangin campe des personnages tout en nuances et en aspérité avec une figure paternelle incroyable. Toute en douceur et en retenue. En violence contenue.Il sait avec quelques phrases dire tout le tragique et la beauté d’une vie.

« La lumière vers les cinq heures de l’après-midi est la plus belle qu’on peut voir de toute l’année. Dorée, puissante, sucrée et pourtant pleine de fraicheur. »

Ce qu’il faut de nuit

Il nous parle de nos propres incompréhensions face au monde qui avance et qui peut nous broyer. Il le fait avec une délicatesse, une humanité et une force poétique incroyable, à l’instar de ce début de chapitre : « Août , c’est le meilleur mois dans notre coin. La saison des mirabelles. La lumière vers les cinq heures de l’après-midi est la plus belle qu’on peut voir de toute l’année. Dorée, puissante, sucrée et pourtant pleine de fraicheur. Déjà pénétrée de l’automne, traversée de zestes, de vert et de bleu. Cette lumière, c’est nous ».

Ce sont les frères Dardenne qui rencontrent Richard Ford. C’est Manu Larcenet qui croise Bruce Spirngsteen. Laurent Petitmangin évoque par touches successives des blocs de vie. L’auteur compose ainsi entre les chapitres toute une poésie du non-dit, de l’interstice. L’ellipse est ici l’expression du mystère des destins et des êtres.

Un premier roman maitrisé

Pour un premier roman, l’auteur maitrise l’art du portrait et des complexités humaines.Ce qui est fort, c’est le sentiment de violence qu’il exprime sans jamais se complaire dans le pathos.Le lecteur ressent donc cette blessure à la lecture. Une blessure pleine de douleur et d’amour.

Préparez-vous être blessé.

Antoine

S’il fallait résumer ma vie, je dirais que je suis un mélange entre Laure Adler, Droopy et Edouard Baer.

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