Épisode 8 : Green Lantern & Green Arrow ou comment un flic intergalactique va révéler les travers de l’Amérique
Aujourd’hui, « In brightest day, in blackest night, No evil shall escape my sight! Let those who worship evil’s might, Beware my power, Green Lantern’s light! » : You have failed the city : soit, Green lantern et Green Arrow.
Malgré une tentative qui se révéla être un naufrage au cinéma, de multiples films animés et des apparitions tout aussi remarquées dans différentes séries animées, Green Lantern reste pour une grande majorité un super héro moindre.
En France, il ne réussit que difficilement à attirer le public et ce, malgré ses caractéristiques.
En effet, comme Batman, Green Lantern est un humain à qui fut confié un jour un anneau de pouvoir.
On pourrait dès lors penser que ce super héro navigue vers les terres du Mordor mais non car son terrain de travail est l’univers.
A vrai dire, Green Lantern n’est pas qu’UN homme, il n’est qu’un autre officier du corps des Green Lantern, une police intergalactique qui, supervisé par des entités quasi immortelles, s’est jurée de protéger les faibles et de rendre la justice partout. Pour ce faire, cette police dispose d’agents issus de tout l’univers.
Donc, voilà Green Lantern, sauvant l’univers avec son anneau de pouvoir lui permettant de matérialiser grâce à une lumière verte tout ce que sa volonté est assez puissante pour matérialiser.
Le personnage fut créé durant les années 40 mais ici, on ne parlera pas de tous les personnages ayant porté ce nom mais nous nous pencherons sur Hal Jordan, le Green Lantern le plus célèbre (supposé tout du moins) qui fut créé au début des années 60.
Mais avant lui, parlons de Green Arrow.
Ce dernier, grâce à la récente série télévisée de la CW eut plus de succès. La série reprend le mythe fondateur du personnage.
Encore une fois, comme Batman, le héro n’a aucun pouvoir. Il est milliardaire et, suite à un naufrage, se retrouve perdu sur une île où il développe ses aptitudes à l’arc, à la chasse, au combat et à la survie. Revenu dans sa ville natale, il défend l’injustice avec son arc, ses flèches et sous le costume de Green Arrow.
Ces deux personnages ont plusieurs choses en commun. Déjà le fait qu’ils sont tous deux des êtres humains lambdas (ils peuvent réellement mourir, d’ailleurs, spoiler, ils sont déjà morts tous les deux et sont revenus à la vie) et tous les deux portent des costumes verts mais au-delà, rien ne les destinent véritablement à se côtoyer.
Après tout, Green Lantern se passe dans l’univers, soit la science-fiction tandis que Green Arrow se passe sur Terre dans un univers citadin, avec des vilains de la vie quotidienne.
C’est alors qu’intervienne deux auteurs, Neil Adam et Dennis O’Neill.
Ces deux auteurs sont convaincus que les comics et par extension l’art peut changer le monde et porter un message pour éveiller les consciences.
Leurs idées se révélèrent justes lorsqu’ils virent en 1968 Stan Lee écrire l’histoire de Spider-man dont on avait déjà touché un mot, à savoir celui où l’on voit pour la première fois dans un comic book les ravages de la drogue sur la jeunesse New-yorkaise.
Adam et O’Neill veulent poursuivre dans cette voie et dénoncer tout ce qui ne va pas dans cette Amérique des années 60.
Aussi, grâce à petite pirouette scénaristique, Green Lantern ne peut plus quitter la Terre.
Mais il reste un flic alors il arrête les méchants cambrioleurs… jusqu’au jour où un homme intervient pour lui demander pourquoi il a arrêté ces cambrioleurs. Ben voyons, ils avaient pillé cette pauvre boutique !
C’est alors que Green Arrow intervient pour lui montrer que ce « vilain » n’était qu’un père qui cherchait à se procurer des aliments pour nourrir sa famille.
Green Lantern est interloqué mais reste fidèle à ses convictions : la loi, c’est la loi.
Alors intervient un homme noir qui dit à Green Lantern : « Tu sauves des hommes roses, des hommes jaunes, des hommes pourpres, et les hommes noirs ? Pourquoi tu ne les aides pas ? Pourquoi tu ne les sauves pas ? »
Lantern est désarmé. Arrow essaie de le consoler tout en lui disant que l’homme noir a raison. Green Lantern est déconnecté du monde réel. Aussi, il lui propose un road trip.
Green Arrow, le milliardaire capitaliste devenu gauchiste par les événements de la vie et toujours à l’écoute des plus démunis va expliquer et montrer à Hal Jordan, le pilote d’essai devenu un super flic intergalactique ce qu’est la vie sur Terre, tout du moins, ce qu’est l’Amérique à ce moment-là.
Soudain, grâce à ce comic-book, toute la jeunesse des USA lit et voit la ségrégation dans les états du Sud, le Ku Klux Klan, le lobby des armes à feu, les femmes battues, la jeunesse à l’abandon dérivant des taudis à la drogue, les hippies arrivés, les politiques véreux, l’exploitation illégale de terres sacrées par des sociétés, l’urgence écologique, les violences conjugales, le sens de la démocratie…
Durant un an et demi, au cours des années 70, sous couvert d’un comic book de super héro, une bande dessinée pour enfant, Neil Adam et Dennis O’Neill montra aux USA ce qu’ils étaient.
Par la suite, Green Lantern retourna dans l’espace en tâchant de ne pas oublier d’où il venait.