« Je croyais que ce serait toujours elle et moi. Mais les adultes abîment tout. »

Arelis Uribe signe un recueil de huit nouvelles de moins de cent pages au style incisif, à l’écriture dépouillée. Il décrit la vie d’écolières, d’adolescentes, d’étudiantes, de travailleuses ou au foyer de ces Chiliennes de classes sociales moyennes ou défavorisées des quartiers ou de la périphérie de de Santiago : les quiltras. En mapudungun (langue mapuche parlée par les indiens du Chili), quiltro signifie chien. Le terme signifie aujourd’hui chien sans race, sans classe, et tout ce qui est mélangé.

Ces batârdes sont discriminées économiquement mais aussi en raison de la couleur de leur peau. Elles sont rarement représentées en littérature, d’autant plus que dans le roman d’Uribe, elles mènent une révolution féministe silencieuse.

On suit l’héroïne, bisexuelle, plutôt introvertie, se réfugiant dans l’écriture, la musique et la solitude à travers ses premiers émois amoureux, ses amitiés brisées, son sentiment de malaise généré par les différences de milieux sociaux.

Arelis Uribe cogne fort : elle promène la réalité comme on promène une chienne au bout d’une laisse, quelques instants seulement.

Les Bâtardes d’Arelis Uribe, traduit de l’espagnol (Chili) par Marianne Millon, chez Quidam éditeur, 2021.

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