Dernier épisode de The Falcon & The Winter Soldier. Il est désormais temps d’en tirer un bilan et de voir ce que le MCU nous propose d’ores-et-déjà pour la suite.

Episode 6 : Un monde, un peuple

Ça y est, cette mini-série s’achève avec cet épisode et, soyons clair, tout ce que vous pouviez penser, présager est non seulement élucidé mais appuyé.

Nous le savions depuis le début que Sam Wilson porterait le bouclier et le costume, que Bucky finirait sa « thérapie », que John Walker serait officiellement U.S. Agent… Et pourtant, l’accomplissement est grandiose !

Il ne suffit pas de dire la fin d’une série pour en saisir l’arborescence scénaristique, il faut toujours passer par moults péripéties qui semblent inutiles pour comprendre le but.

Avant de poursuivre, notez qu’il y a une scène post-générique modifiant en profondeur le statu-quo et les interactions des personnages. Mais avant cette scène, pour ceux qui ont pris le temps de regarder le post-générique, là où durant cinq épisodes était écrit « The Falcon and The Winter Soldier » se trouve désormais un « Captain America and the Winter Soldier ».

Oui, nous retrouvons le titre de Captain America 2 et pourtant, tout a changé.

Nous l’avions énoncé lors de la review de l’épisode précédent : Sam a accepté l’héritage de Steve et va même beaucoup plus loin que Steve : il n’est pas Captain America pour une idéologie qui n’a jamais existé, il est Captain America pour les délaissés, le peuple noir américain en particulier qui, comme le souligne Sam, a construit les U.S.A dans le sang, la sueur et la chair. A ce titre, toujours selon ses dires, il est plus que jamais fait pour comprendre son pays et le défendre, contre lui-même.

Sam, ancien militaire devenu soigneur pour les soldats traumatisés avant de devenir Avengers, a accepté de devenir Captain America. Et non parce qu’un général ou un chef de la communication lui a dit qu’il devait motiver les troupes mais parce qu’il sait, il sent qu’il doit essayer de montrer un nouveau chemin, une nouvelle image de Captain America et, in fine, des U.S.A.

Il ne faut jamais oublier la base du personnage dans le MCU : bien qu’entraîné militairement, il a développé une empathie envers les soldats s’étant battu pour ce qu’ils pensaient être la bonne cause. Il ne juge personne, il commence par comprendre l’autre avant de le rediriger vers le « bien ». C’est ce qu’il a fait avec Karli : il n’a jamais essayé de lui dire que ce qu’elle faisait était mal. Bien au contraire. Il était d’accord avec elle sur le fond mais pas sur la forme.

Aussi, malgré ses mises en garde perpétuelles, Sam se battait contre un moulin à vent : pour elle, il était clair qu’elle devait se battre jusqu’au bout, jusqu’à devenir une martyre.

Et cette mort marque le début de Captain America !

Oui, bon, c’est un peu court là, quid des autres personnages ?

Bucky est et restera un personnage de l’ombre. Pour autant, il a enfin « lavé » son passé de Winter Soldier.

Zemo est un stratège de génie qui manipule tout le monde, même depuis sa cellule. Cela laisse à penser qu’il reste en prison que parce qu’il le souhaite. Il pourrait s’en évader n’importe quand mais bon, vous comprenez, il est logé, nourri, etc.

John Walker, passé une certaine rage, redevient sensé et devient officiellement U.S. Agent.

Joaquin Torres, le militaire qui filait un coup de main à Sam et qui devient The Falcon dans les comics, reste un militaire, fier de ce Captain America.

Rien de bien nouveau jusque là mais il y a alors 2 scènes sublimes :

La première concerne Issaiah Bradley, le Captain America noir. Sam n’oublie pas le passé et lui a dressé en son honneur une statue dans le musée Captain America. Comme Sam lui dira : »Maintenant, plus personne ne vous oubliera. »

A travers cette scène, courte, on peut soupeser tout le poids de la couleur noir aux USA. Une scène filmée très simplement mais sublime symboliquement.

La seconde concerne la scène post-générique : durant l’épisode, nous apprenons que Sharon Carter est Power Broker. Durant la scène post-générique, elle est rétablie en tant qu’agent gouvernemental des USA et, sitôt son poste retrouvé, annonce qu’elle va vendre à qui mieux mieux tous les secrets des USA.

Ce changement radical du personnage est admirable à plus d’un titre.

D’un, il est souvent dit des comics qu’ils sont manichéens : voilà un personnage, espionne, super-héroïne, qui devient la chef de Spectre (nous faisons ici référence à James Bond). Aussi, nous avons affaire ici à un personnage jouant constamment sur les deux tableaux (bien et mal). Mais, à mon sens, elle s’en fout désormais du bien et du mal, tout ceci est une vue de l’esprit : tout ce qui l’importe est sa personne.

Nous avons dès lors en Sharon l’antagoniste réel de Sam : il se bat pour tous, elle ne se bat que pour ses intérêts.

De deux, cette série est produite par Disney ! Cette série est hautement politique (la place des USA dans le monde, la place des noirs américains aux USA) ! Qui aurait pu prévoir qu’une série estampillée Marvel/Disney serait à ce point politique et serait un véritable miroir de la vie américaine actuelle ?

N’oubliez pas : avant-hier, pour la première fois, un policier blanc fut jugé coupable de la mort d’un noir innocent. Il y a cinq mois, nous avions une horde de sauvageons tentée de s’emparer pour une journée du Capitole.

Avec une intelligence rare et peut-être que tout ceci n’est qu’un concours de circonstance mais la série montre les USA tels qu’ils sont : fragilisés, désunis, injustes. Les films des années 80-90 qui montraient le contraire étaient un rêve, le réel est celui prôné par Issaiah (une mention toute particulière pour l’acteur Carl Lumbly qui est juste, digne, superbe !): le monde est injuste, seul un gars comme Sam, un gars qui, comme il le dit lui-même devant les caméras, n’a rien, pas de super-sérum, pas de pouvoirs magiques ou autres, a une force plus grande qu’un super-pouvoir, un courage pour se montrer digne envers les siens et lui-même. Et vous, que faites-vous ? Soyez digne. (On est quasiment face à un « Révoltez-vous » de Stéphane Hessel).

Cette série fut quelque peu laborieuse au début. Et pourtant, elle ne cessa de nous surprendre et de se révéler bien plus complexe que ce qu’elle pouvait le sembler jusqu’à devenir essentiel pour ceux qui veulent suivre le MCU.

Et après ?

Avec WandaVision, Marvel nous a à la fois détricoté les sitcoms et exposer qui sont Wanda et Vision. Marvel nous avait alors parlé de magie et de personnages singuliers.

Avec cette série, Marvel amorce une véritable avancée sociétale.

En juin, sortira Loki, une série qui, pour l’heure, me semble bien plus fun que portant des questions politiques mais, allez savoir.

Et puis, à la fin de l’année, la série d’animation What if…? réécrira les histoires connues via des modifications : et si le sérum du super-soldat avait été donné à une femme et non un homme, par exemple ?

Voilà treize ans que le MCU renverse toutes les attentes et va, parfois, là où on ne le pensait pas capable d’aller.

Faisons lui confiance pour nous amener, nous questionner toujours plus loin.

EXCELSIOR !!!!

Laisser un commentaire