C’est l’histoire d’un mec… Vous la connaissez ? Non parce que, si vous la connaissez, il faut le dire, hein ? Des fois, on raconte l’histoire d’un mec et vu que tout le monde l’a connait, la chute tombe à plat…

C’est ce qu’il s’est passé avec la Justice League.

En 2017, suite au suicide de sa fille Autumn, Zack Snyder, grand lecteur de comics et ayant une vision de ce qu’il voulait faire avec l’univers DC Comics (univers dont il avait entamé la relecture cinématographique avec Man of Steel puis Batman vs Superman (BvS) cessa la réalisation de Justice League.

Joss Whedon fut appelé à la rescousse et, clairement, n’avait pas compris le film que Snyder voulait faire. Aussi, il jeta une bonne partie de ce qu’avait fait Snyder et retourna des scènes qui lui semblaient plus judicieuses. Cela donna lieu à des scènes devenues cultes dans le n’importe quoi tel que la moustache d’Henry Cavill (l’acteur interprétant Superman) qui fut rasé numériquement parce qu’il était déjà en tournage sur un autre film ou encore Flash utilisant ses incroyables pouvoirs pour barbouiller sur le visage d’un individu grossier une paire de lunettes… Absurde.

Aussi, après 4 années de combats, les fans gagnèrent leur bataille et Warner abdiqua : le studio autorisa Snyder à faire son film, libre de tout regard extérieur.

Depuis cette annonce, la hype chez les fans ne cessait de se balancer : oui, non, à quoi bon, il pourrait être bon ?

Une première bande-annonce gagna les ferveurs et, après plusieurs informations écartées (une première version aurait été un film de 6h, puis cela aurait été une mini-série de 6 épisodes, puis finalement de 3X2 heures), finalement, le film sorti directement le jeudi 18/03 sur les plateformes de VOD en un long métrage de 4h.

Verdict ?

La League au complet

UNITED

Soyons clair, la trame général du film de 2017 est la même et pourtant, ce n’est plus le même film.

Là où en 2017, nous avions un scénario avec un méchant-pas-beau tout juste bon à jouer dans Power Rangers, nous avons désormais 3 histoires qui s’entremêlent.

La première, celle par lequel le film débute : Suite à BvS, Superman est mort et Batman est convaincu qu’une menace se profile. Aussi, il doit recruter des surhommes pour la bataille à venir. Malheureusement, cela n’est pas aussi facile que cela. Prenons l’exemple d’Aquaman : en 2017, en deux phrases, il change d’avis et suit Batman. Ici, c’est niet. Il n’en a rien à foutre, ni du monde de la surface ni des océans. Aussi, Batman s’en va, la queue entre les jambes.

Il faudra convaincre pour réussir à réunir ce groupe, cette Justice League.

Entre temps, grâce à leur film respectif, le public connaît Aquaman, Batman et Wonder Woman mais Flash et Cyborg ? Le film va alors prendre son temps pour nous montrer, nous expliquer qui sont ces héros.

Avec une scène incroyable, Flash montre réellement l’étendue de ses pouvoirs. Il en va de même pour Cyborg qui est bien plus complexe que ce que Whedon avait fait (on comprend mieux alors la colère de l’acteur Ray Fischer qui est depuis en guerre ouverte contre le réalisateur et la Warner).

Flash utilisant ses pouvoirs

La seconde histoire est la quête de Steppenwolf (le vilain) pour réunir les Mother Box. Dit comme ça, cela peut sembler vu et revu. Et pourtant, Snyder réussit le tour de force de nous emporter dans cette quête. Cela grâce à la psychologie du vilain : ce n’est plus un méchant qui veut juste tout détruire. Non, c’est un être complexe qui a subi une humiliation et qui veut retrouver les grâces de son maître, Darkseid. C’est un petit garçon qui veut faire la fierté de son papa et pour qui une certaine empathie nous envahit. Il nous a fait penser à Thanos : leurs motivations sont compréhensibles. Certes, ces dernières entraînent la mort de milliards d’individus mais leur personnalité n’est pas aussi manichéenne que cela pourrait le sembler.

La troisième et dernière trame sont les responsabilités du père et de ses enfants : celle de Cyborg, mi-homme mi-machine, rejetant la faute de son état sur son père, toujours absent mais qui l’a changé en cette chose pour qu’il puisse rester en vie. Mais il ne sait plus ce qu’il est, cherche à trouver (ou retrouver) son humanité. Celle d’Aquaman qui doit accepter son héritage. Celle de Superman qui, une fois revenu à la vie, choisit la voie que ses pères avaient tracé pour lui et d’être le sauveur de l’humanité.

On le comprendra, il fallait bien 4 heures pour laisser le temps aux spectateurs de saisir les enjeux des personnages et s’imprégner de leurs contradictions.

Steppenwolf, le vilain du film pas aussi simple qu’il pourrait sembler

FOR DARKSEID

Darkseid, le grand méchant de l’univers DC, celui qui devint Thanos chez Marvel (la copie est officielle) apparaît et donne, en quelques extraits, la pleine mesure de ses pouvoirs.

Pour ce faire, il fallait que les effets spéciaux suivent. Et clairement, ils suivent. Certes, il y a des défauts ici et là, quelques fois la CGI est de trop mais cela contribue à la vision de Snyder de faire un film épique.

Ici, les combats sont dantesques !

De la première bataille opposant une armée d’Amazones à Steppenwolf à la bataille finale(la Justice League contre Steppenwolf et ses paradémons), les effets tiennent la route et surtout, cela ne fait pas brouillon : on comprend ce qu’il se passe et même lorsque Flash, courant à la vitesse lumière, n’est plus qu’un rayon bleu sur l’écran.

Superman revenu des morts

« Kal-El, last son of Krypton, remember who you are ? »

Cette phrase dite par Wonder Woman pourrait être la phrase définissant le mieux le film : Justice League, rappelle-toi qui tu es ?

Tu n’es pas cet embrouillamini de Whedon où les scènes se succédaient et n’avaient aucun sens.

Tu n’es pas un rassemblement d’êtres surpuissants sans liens entre eux.

Le point de départ de ce groupe dépasse la simple union contre un vilain qu’en un contre un, il serait impossible de vaincre. Il y a dans ce groupe des liens tissés entre les personnages du fait de leurs histoires respectives et communes.

Whedon, avec Avengers 1, y réussit grâce la stratégie de Marvel ayant permis au spectateur de se familiariser avec chaque membre du groupe grâce à un film le présentant.

DC et Warner décidèrent de tout balancer sans tenir compte du fait que le public ne pouvait pas s’approprier des personnages inconnus. Et en deux heures, comprendre 3, 4, 5 personnages est impossible.

Du reste, Whedon a surtout oublié Man of Steel et BvS. Snyder a construit le DC Universe en donnant sa version de Superman (un être christique voué à se sacrifier), son Batman et son opposition d’avec Superman (l’un n’est qu’un simple humain quand l’autre est un dieu, l’un est la nuit, l’autre le soleil, etc.). Avec ce Justice League, non seulement Snyder enfonce le clou avec Superman et Batman mais en plus il montre le monde dans lequel ils sont projetés (nous ne sommes pas uniquement aux USA mais voyageons de Themyscira à Atlantis en passant par Londres, Paris, la Russie, Metropolis, Gotham, Smallwille…)

Les commentaires d’un commissaire Gordon ou d’un Alfred face à ces êtres surhumains toujours plus nombreux montrent, comme dit Diana, que nous ne sommes plus face à des humains, mais à des héros, des dieux. Et nous touchons à ce moment-là la dichotomie entre Marvel et DC et ce même dans les comics : Marvel, ce sont des humains qui ont des pouvoirs et la difficulté de mener une vie « normale » avec ses tracas lorsque s’y  ajoutent les problèmes liés à la vie super héroïque. Pour DC, tous ces héros sont des dieux et affrontent des problèmes de dieux. L’homme de la rue n’a que rarement sa place ou alors n’en est que la victime. A l’instar de Superman pour qui un monument funéraire fut érigé : leur job est d’inspirer l’homme de la rue.

Naturellement, le film n’est pas parfait. L’image en 4 :3 peut quelque fois être gênante, l’interprétation  de certains acteurs aussi (Ben Affleck est intéressant en Bruce Wayne, moins en Batman) mais ce film permet surtout d’enfin de redorer le blason de DC après les catastrophiques Suicide Squad, Bird of Prey ou plus récemment Wonder Woman 84.

Avec ce film, preuve est faite qu’il faut faire confiance à un auteur qui a une vision.

On ne sait si la vision de Snyder pourra être poursuivi (le film ouvre de nombreuses pistes) mais, si Warner lui laisse carte blanche, il est clair qu’on ne pourra que s’en réjouir.

ATTENTION SPOILERS

A la fin du film, comme dans BvS, Batman fait un rêve prémonitoire. Dans ce dernier, il est allié au Joker et d’autres contre Darkseid qui a finalement réussi à envahir la Terre et son principal champion n’est autre que Superman. Qu’est-ce qui aurait amené Superman a travaillé pour Darkseid ? Comment et pourquoi Batman a-t-il réuni ce groupe entremêlant des vilains et super-héros ?

L’échange entre le Joker et Batman est savoureux et redore aussi le blason de Jared Leto qui était ridicule dans Suicide Squad, parfait ici.

Jared Leto en Joker

A son réveil, Batman rencontre le Limier Martien qui propose ses services. Il rejoindra donc la League.

Martian Manhunter (le Limier Martien)

Ryan Choi devient le nouveau chef de Star Labs. Or, dans les comics, Choi est Atom, un super héro pouvant se miniaturiser jusqu’à l’échelle sub-atomique.

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