Épisode 2 : Wonder Woman ou comment une Amazone issue des âges mythologiques devient l’égide du féminisme sous la plume d’un homme.
Aujourd’hui, un diadème étoilé sur le front, des jambières d’aciers, un décolleté arborant l’aigle américain, des gants divins et un lasso magique obligeant à dire toute la vérité, rien que la vérité dîtes je le jure : Wonder Woman !
Wonder Woman, la première héroïne, modèle d’émancipation des femmes qui doit sa création à un homme, le docteur William Moulton Marston en 1941.
Profondément féministe, il fut aussi l’inventeur du détecteur de mensonge, outil fort pratique en temps de guerre pour découvrir les espions. D’ailleurs, son invention fit un véritable carton durant la guerre froide.
Cela étant dit, sa plus grande création reste Wonder Woman.
Cette dernière, Amazone vivant sur l’île cachée aux yeux des morts de Themyscira est le pays des Amazones, femmes guerrières existant depuis l’antiquité grecque.
D’ailleurs les Amazones ont réellement existé. Sauf qu’au lieu d’arborer un décolleté en forme d’aigle, elles préféraient se couper le sein pour gagner en force et en dextérité pour le maniement des armes, l’arc en tête. Cette tribu de femme insoumise avait en outre comme particularité de n’avoir aucun homme. Les hommes n’étaient bons qu’à procréer, comme des bêtes, puis aller bêcher. La vraie force se trouvait dans les femmes et, dans le comic book, Marston l’a bien compris car, sur l’île, jusqu’à l’arrivée d’un homme, tout va pour le mieux.
Sauf que dans le comics, les Amazones sont immortelles et ne peuvent procréer car il n’y a aucun homme sur l’île. Aussi, lorsque la reine Hyppolite décide de faire un enfant, elle le modèle dans la terre, fait une prière à la déesse Athéna et cette dernière exauçant cette prière change la terre en chair.
Elle grandit, apprend à se battre et connaît sa mission : défendre la Terre de l’horrible Arès qui ne veut qu’une chose, la destruction du monde par la guerre.
Et c’est à cause d’une guerre, de la seconde guerre mondiale, qu’un pilote américain nommé Steve Trevor échoue par hasard sur l’île de Themyscira.
Le choc est rude. Les Amazones veulent le tuer, Diana prend sa défense et part avec lui hors de l’île pour sauver les USA, dernière citadelle de la démocratie. Elle arbore alors une identité secrète : Diana Prince.
Mais, sous l’égide de Marston, elle n’emploiera que très rarement la force, préférant faire éclater la vérité par les mots et à l’aide de son lasso. La manière qu’emploie Wonder Woman est au final aussi efficace si ce n’est plus que celles utilisées par ses compères super-héros. D’ailleurs, une fois le vilain arrêté, Diana ne le met pas ne prison, elle l’instruit pour qu’il comprenne en quoi ses idées étaient réductrices et mortelles pour le bien de la société. Provenant d’une île paradisiaque où toutes ont droits à la parole, elle sait que seul le bien commun importe. Marston poussera son idée jusqu’à mettr Wonder Woman à la tête des USA. Oui, la première femme présidente ! Une véritable consécration qui n’a pour l’heure toujours existé dans notre monde réel.
Pour autant, nous l’avons dit, Diana est super forte, immortelle, elle deviendra même pendant un temps une véritable déesse, celle de la guerre après qu’Arès fut enfin destitué. Ce qui donnera par ailleurs des questionnements intéressants : puisqu’elle est devenue l’être qu’elle devait arrêter, elle est désormais en mesure d’arrêter la guerre dans le monde entier. Mais l’esprit de la guerre finira par la corrompre et, sitôt qu’un nouvel Arès naîtra, elle sera ravie de se débarrasser de cette entité.
Mais, entre sa création montrant une héroïne forte et sa déification, lorsque l’auteur décèdera en 1947, le personnage oubliera toute sa force pour devenir durant plus de trente ans la parfaire petite ménagère. Incapable de se battre, elle ne fera plus qu’appeler l’aide d’un homme pour arrêter les vilains. Pire, elle se trouvera très souvent attacher, saucissonner et ce ne sera que grâce à un homme qu’elle sera sauve.
Les idées progressistes s’arrêtèrent avec la mort d’un homme et il faudra un nouvel homme, George Pérez, à la fin des années 80, enfin, Wonder Woman redevienne ce qu’elle avait été originellement.
Véritable icône féministe elle est aujourd’hui arborer dans des manifestations, entre autres contre un certain Donald Trump…