Pendant 17 jours, je vous livre mes sensations, mes impressions, mes sentiments de lecture au sujet du roman O de Miki Liukkonen, qui paraît au Castor Astral.

« La lecture est une conversation ».

Alberto Manguel

Démarrer un roman s’apparente bien à lancer une conversation avec une nouvelle personne. Tant par les mots choisis que par la posture du corps. Celle du lecteur et celle de son auteur. Chaque nouvelle lecture implique une nouvelle façon de se tenir : lire en marchant, lire allongé dans son lit, lire dans son bain, lire aux toilettes, lire tout en faisant cuire les légumes…

Je me lance donc dans une nouvelle conversation avec Miki Liukkonen, auteur du roman O.

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Le titre O m’intrigue. Je pense à V de Thomas Pynchon. Une lettre monde, une lettre fantasme. Dans une interview, Miki Liukkonen dit être influencé par Georges Perec, celui qui pour ne pas nommer ses parents avait choisi d’éluder la voyelle « e »dans La Disparition.

Une citation de Don DeLillo ouvre le roman O ou Traité universel sur le pourquoi des choses.

J’aime cette idée que le roman créé sa propre lumière, qu’il ait sa propre dynamique. Une lumière artificielle, nouvelle, étrange.

L’incipit du roman :

 » L’instant où l’être humain se résout à mourir n’est pas nécessairement celui où il sait qu’il meurt ».

La lettre O comme un ruban de Moebius. les choses s’inversent à l’infini. On démarre le début par la fin. La mort, comme autant de possibilités de narration. Une première page poétique et mystérieuse. A relire sans doute une fois le roman terminé.

L’action se situe donc un mercredi. On retrouve l’influence de Georges Perec puisque la famille que l’on découvre par le biais de Jérome, le narrateur, a comme nom de famille W ( une référence à W ou le souvenir d’enfance de Perec). Le narrateur indique précisément l’heure qu’il est ( 7h, 7h15,…).

On sent aussi l’influence d’un David Foster Wallace, dans cette volonté de décrire au plus près la vie quotidienne d’une famille. Le lecteur est intégré comme un nouveau membre de la famille. On fait progressivement la connaissance des parents de Jérome, ainsi que de son frère cadet, Alle.

Une influence par l’importance accordée au sport. Dans L’infinie Comédie, c’était le tennis. Chez Miki Liukkonen, c’est la natation:

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Plaisir d’un roman qui cherche à créer son propre monde, ses propres règles, et ses livres de cuisine. Plaisir du détournement, de l’illusion romanesque, du faux-semblant, de la copie.

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Le roman travaille sur la solitude et la folie des personnages. On découvre ainsi la personnage de Mikael Ahlqvist, en proie à de nombreuses angoisses, lequel a perdu ses deux parents.

Un roman qui joue pour l’instant avec tous les codes du roman post-moderne. Détournement, faux-semblant, listes et énumération, références culturelles ( un poulet nommé Bruce Spingsteen), présence des notes en bas de pages ( un ami de narrateur qui se met à lire Kant à 14 ans suite à un cadeau d’une correspondante allemande).

A suivre.

Et on terminera avec une référence musicale présente dans le roman.

« Dans ma tête, pendant quelques secondes, j’entends « La fille d’ Ipanema » dans la version de Frank Sinatra, sans savoir pourquoi ».

O, Miki Liukkonen

Antoine

S’il fallait résumer ma vie, je dirais que je suis un mélange entre Laure Adler, Droopy et Edouard Baer.

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