D’Alan Moore, on connait tant et plus, parfois sans même le savoir.
Vous connaissez V for Vendetta ? From Hell ? La Ligue des Gentlemen Extraordinaires ? Watchmen ?
Ces titres furent tous adaptés au cinéma et/ou à la télévision pour des résultats mitigés. D’ailleurs, Moore refuse catégoriquement de voir son nom associé aux productions découlant de ses créations littéraires (son refus va jusqu’à refuser les royalties associés à ces productions).
Mais, au-delà de cette anecdote, Moore est et reste un grand écrivain qui a révolutionné les techniques narratives de la bande dessinée et bien plus encore.
Si vous appréciez les titres cités ci-dessus, vous devez vous jeter sur Promethea, œuvre trop méconnu du sorcier de Southampton (il se définit lui-même en tant que sorcier car, selon ses dires, grâce à ses mots, la réalité se distord).
Par ailleurs, c’est grâce à lui que l’expression « Roman graphique » fut créé et développé (il mena une grande bataille durant les années 70 pour faire admettre que la bande dessinée était un art à part entière, chose qui était déjà acceptée en France et en Belgique mais pas dans les pays anglophones ).
Urban comics a la bonne idée de rééditer l’un de ses chef d’œuvres dans un ouvrage superbe et une nouvelle traduction mais, qu’est-ce donc que Promethea ?
Le récit croise 2 trames principales (il en existe bien plus encore) entourant Sophie Bangs, une étudiante introvertie qui peut devenir Promethea, déesse de l’imagination.
A partir de là, Moore développe sa pensée sur ce qu’est l’imagination, l’imaginaire, les symboles tissant notre réalité (de l’arcane des tarots aux symboles religieux en passant par les icônes de la pop culture) et sur l’acte de création.
A cela s’ajoute la traque par un groupe de super-héros d’un super-criminel entremêlant le Joker et Pierrot.
Mais une bonne BD demande un bon dessinateur et pour cette tâche, J.H. Williams III est au meilleur de sa forme (pour ma part, Promethea est son chef d’œuvre).
Entremêlant toutes les techniques visuelles (dessin, aquarelle, peinture, photo), il déploie toute la pensée de Moore dans des jeux de textures, de couleurs, de cadrages et de mises en scène rarement vu jusqu’à présent (qui a déjà lu une double page de BD en forme de ruban de Moebius ?)
Promethea est une œuvre protéiforme au croisement de l’essai, du dictionnaire des symboles, du roman graphique et du récit super-héroïque. Une œuvre dense donc qui n’oublie pourtant jamais d’être éblouissante, intelligente et de donner du plaisir aux lecteurs.
Le premier tome est déjà disponible. Le second et dernier sortira en mars.
Enjoy !