Découvrez l’écrivain et traducteur Sébastien Cagnoli à travers une série de textes dans lesquels il nous fait plonger dans son univers.

Voici le premier volet.

Je vis en ville, mais je cultive une véritable jungle sur mes balcons. Dans chaque pot, je sais ce que je plante à un moment donné, mais je ne sais jamais ce qui finira par sortir de terre et comment ça va évoluer, en raison de la multitude de paramètres qu’on ne peut pas contrôler. L’auteur-horticulteur est aussi un lecteur-spectateur qui assiste à un phénomène de croissance organique.

On ne maîtrise jamais le résultat. La croissance de la plante dépend de l’ensoleillement, des tempêtes, des animaux qui viennent y créer tout un écosystème inattendu : de même, le livre final n’existe en fait que dans son rapport mutuel avec chaque lecteur, et les multitudes de lectures qui en seront faites s’écarteront, et l’écarteront, de l’idée que je m’en faisais. Il faut couper le cordon et regarder le petit mener sa propre existence, avec tout ce qu’elle a d’imprévisible et de merveilleux.

Les premiers lecteurs qui exercent une influence décisive sur le texte, d’ailleurs, sont les éditeurs. En règle générale, on se met d’accord sur certains partis pris, on veille à s’engager sur une même route. Pendant les révisions, éditeurs et correcteurs font des propositions, certaines très constructives, d’autres moins, mais dans tous les cas cette étape contribue fortement à façonner le texte collectivement, et elles peuvent avoir parfois un impact profond sur l’atmosphère (changement du temps narratif dans tout un pan d’un roman, explicitations qui apportent plus ou moins de clarté à certains passages…). L’aventure est collective, imprévisible, et c’est ce qui rend l’expérience fascinante.

Antoine

S’il fallait résumer ma vie, je dirais que je suis un mélange entre Laure Adler, Droopy et Edouard Baer.

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