Pendant 17 jours, je vous livre mes sensations, mes impressions, mes sentiments de lecture au sujet du roman O de Miki Liukkonen, qui paraît au Castor Astral.

Quinzième jour

D’autres personnes notent ce dont elles désirent se souvenir. Là, Kant avait noté ce qu’il devait oublier : Mem. – février 1802 – il ne faut plus se souvenir du nom de Lampe.

Thomas de Quincey, Les derniers jours d’Emmanuel Kant

A l’image de Nikola Tesla, de grandes figures scientifiques, musicales ou philosophiques parcourent le roman O. Pour les scientifiques hormis Tesla, on trouve Einstein, Niels Bohr ou encore Maxwell. Pour la musique, on trouve les figures de Rachmaninov, Schumann et surtout Bach dont un groupe de malfrats lui est dédié.

En ce qui concerne la philosophie, une figure domine, celle d’Emmanuel Kant. C’est par le biais du personnage de Mikael Ahlqvist lequel a reçu Critique de la raison pure alors qu’il était jeune adolescent.

Le trait le plus plus révélateur de la personnalité de Kant était la régularité de métronome qu’il observait dans son emploi du temps, au point, rapporte-t-on, de servir d’horloge aux habitants de Königsberg. Emmanuel Kant semble ainsi nourrir notre imaginaire romanesque, de par sa régularité maniaque et son austérité même. Quelques mois seulement après sa mort, trois anciens disciples et secrétaires – Borowski, Jachmann et Wasianski – avaient entrepris de raconter la vie de leur maître. Thomas De Quincey s’inspirera d’eux très librement pour peindre, dans Les derniers jours d’Emmanuel Kant (1827), la déchéance physique et l’agonie du philosophe. 

La journée du 8 octobre avait gravement frappé les facultés de Kant, mais ne les avait pas totalement détruites. Pendant de brefs intervalles, les nuages qui s’étaient assemblés sur sa majestueuse intelligence semblaient s’écarter pour la laisser briller comme jadis. Durant ces moments de brève conscience d’esprit, sa bonté coutumière lui revenait, et il exprimait d’une manière bien touchante sa reconnaissance pour les efforts de ceux qui l’entouraient, et le sentiment qu’il avait de leur peine.

Les derniers jours D’Emmanuel Kant, Thomas de Quincey

Je vous invite d’ailleurs à visionner le film admirable de Philippe Colin qui sait filmer au plus près avec un superbe noir et blanc le corps pensant du philosophe, un corps en train de mourir.

Le volume de Critique de la raison pure de Kant accompagne le personnage de Mikael absolument partout:

Ensuite, sous une grande penderie mélaminée chêne à trois portes, il aperçut la Critique de la raison pure d’Emmanuel Kant sans laquelle il ne sortirait jamais, et il se remorqua à force de bras jusqu’au livre en ahanant douloureusement et en toussant.

O, Mikki Liukkonen

Le personnage de Mikael dans le roman O de Mikki Liukkonen est un grand obsessionnel, d’où cette passion pour Kant, autre grand obsessionnel au demeurant. L’une des obsessions de Kant était notamment de vivre le plus vieux possible. Il tenait une liste des gens les plus âgés de Königsberg et se félicitait régulièrement d’«avancer», selon son expression, sur la liste. Il considérait ainsi cette longévité comme son œuvre, «car c’est, dit-il, un chef-d’œuvre de réussir, à travers tous les dangers auxquels la vie est exposée, à maintenir son équilibre, malgré toutes les secousses! » 

Il fonctionne pour ce personnage comme une sorte de fétiche, de point d’ancrage en tant qu’objet livre :

Ce volume de Kant est aussi la source d’une réflexion constante pour Mikael:

Mikael s’en sert de manière quasi systématique, engendrant un aspect comique indéniable:

A suivre.

Et on terminera avec une référence musicale présente dans le roman.

Mardi

 » Just because you’re paranoid, don’t mean they’re not after you ».

Nirvana

O, Mikki Liukkonen

Antoine

S’il fallait résumer ma vie, je dirais que je suis un mélange entre Laure Adler, Droopy et Edouard Baer.

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