Niki de Saint Phalle, magicienne et sorcière

Mona Chollet, autrice de La puissance invaincue des femmes , conçoit « l’écriture comme une forme de sorcellerie. Tout processus de création est une forme de magie. Quand on commence le chemin, on ne sait jamais où il va nous mener ».

Il est bien affaire de magie et de sorcellerie dans le roman de Caroline Deyns, Trencadis ,chez Quidam Editeur, dans lequel elle raconte la vie d’une grande « sorcière », celle de Niki de Saint-Phalle. En effet Caroline Deyns ne se contente pas de faire défiler les moments importants de la vie de cette artiste, mais elle propose une traversée atomique dans une existence qui défie toutes les normes et toutes les conventions. Le roman est autant une galerie des différents instants de la vie de Niki de Saint Phalle à travers des témoignages de gens qui l’ont connue qu’une réflexion profonde et forte sur ce que veut dire être une artiste.

Un roman de la métamorphose

Trencadis semble en constante métamorphose dans la forme narrative qu’il propose. Il tend à sortir des conventions romanesques pour se faire poème en prose, calligramme ou énumérations poétique. Caroline Deyns confère à son texte une plasticité explosive qui tend à rappeler à chaque page que créer quand on est une femme n’a rien d’anodin.

« Be my Frankenstein ! »

Trencadis

Rien n’est jamais figé dans Trencadis car il s’agit ici de proposer un texte violent et abrasif qui interroge une société minée par l’ordre, le patriarcat et le contrôle. Le texte, au moyen de phrases qui prennent corps sur toute une page, se fait cri, hurlement : « Be my Frankenstein ! » ou encore « Je refuse de n’être qu’une femme d’écrivain qui fait de la peinture ».

Elle hait l’arrête, la ligne droit, la symétrie.

Trencadis

Le corps électrique de l’artiste

Il est aussi traversé par des phrases qui expriment la force de résistance de la littérature, avec des citations allant de Virginia Woolf à Simone de Beauvoir. Le corps de ce roman traduit au plus près le corps de Niki de Saint Phalle qui est absorbé par son travail d’artiste et qui se mêle à son corps de femme, comme le dit admirablement Caroline Deyns dans son roman : « Elle hait l’arrête, la ligne droit, la symétrie. Le fait est qu’elle possède un corps à géométrie variable, extraordinairement réactif au milieu qui l’entoure, des tripes modulables et rétractiles qu’un espace charpenté au cordeau parvient à compacter au format cube à angles aiguës»

Trencadis est un roman électrique et incantatoire sur la puissance de vie et de création d’une artiste. Caroline Deyns utilise le corps du roman pour dire toute la violence physique et spirituelle d’une existence intranquille et sauvage.

Soyez rassurés : ce roman ne vous épargnera pas.

Antoine

S’il fallait résumer ma vie, je dirais que je suis un mélange entre Laure Adler, Droopy et Edouard Baer.

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