Épisode 6 : Iron man ou comment la naissance du capitalisme.

1963, Tales of suspenses n°39 : première apparition d’Iron Man.

Aujourd’hui, un dur sous son armure à qui, si on lui enlève, reste toujours un génie, playboy, philanthrope,  milliardaire : Iron Man !

1960, l’Amérique est en crise. Elle a beau être l’une des deux plus grandes superpuissances du monde, elle est inquiétée par la puissance de l’URSS.

Leur conflit, la guerre froide, donne lieu à des guerres physiques financées par les USA et l’URSS : on se fait la guerre sans se montrer.

Or, depuis 5 ans déjà, les USA sont physiquement en guerre, contre le Viet-Nâm.

Cette guerre qui n’a pour réel but qu’enrayer la propagation du communisme en Asie ne convainc que les vieux patriotes américains.

La jeunesse commence à se rebeller, à demander des comptes, à se soulever contre un système capitaliste qui leur parait sans sens.

Les noirs américains réclament enfin leurs droits et que cessent la ségrégation dans les états du sud.

Malcolm X et Martin Luther King aiguisent leurs textes pour gagner leur droit et Rosa Parks reste assise.

La situation politique ne peut échapper aux créateurs de comic-book.

Pour rappel, ce média étant dans la grande majorité édité mensuellement, les auteurs piochent allègrement dans les événements réels pour nourrir leurs histoires.

D’ailleurs, Marvel s’en est fait une spécialité.

Dès 1963, allant à l’encontre du comics code authority, un organisme régi par le gouvernement pour censurer les comics, Stan Lee, génial créateur de 90% de l’univers Marvel, décide de traiter du problème de la drogue qui se propage à New York et devient un véritable fléau sur les jeunes de la ville.

Aussi, dans les numéros 95 et 96 de Amazing Spider-Man, Stan Lee montre le meilleur ami de Peter Parker prenant des drogues et demandant de l’aide pour décrocher.

Ce numéro, interdit donc par le comics code authority, sort tout de même et révolutionne le monde du comics : il ne s’agit plus d’écrire des histoires pour amuser mais aussi pour faire réfléchir le lectorat.

Cette même année, Stan Lee crée Iron Man.

Pourquoi ?

Toujours pour coller à l’actualité. Comme il l’expliquera par la suite : « Je me suis lancé un défi. À l’époque, c’était l’apogée de la guerre froide et les lecteurs, les jeunes lecteurs détestaient l’armée et la guerre, alors j’ai créé un héros qui la représentait au centième degré : un fabricant d’armes, richissime industriel fournisseur officiel de l’armée américaine… J’ai pensé que ce serait amusant d’introduire ce type de personnage dont personne ne voudrait, de leur imposer jusqu’à ce qu’ils [les lecteurs] s’y identifient… Et il est devenu extrêmement populaire. »

Tony Stark fut donc créé pour incarner tout ce que la jeunesse abhorrer mais, par la suite, le personnage devint de plus en plus sérieux.

Car, au-delà de cet aspect, Tony est un alcoolique.

Durant des décennies, ces soirées alcoolisées passeront d’un univers de dandy people à la tristesse d’un homme seul incapable de s’arrêter de boire, et ce, jusqu’à ce que son ivresse cause la mort de plusieurs avengers.

Tony, le super héro trop humain qui se bat quotidiennement contre ses addictions est l’incarnation des USA.

Lorsque le 11 septembre 2001 amène Bush Jr a créé le patriot act, Tony Stark crée et soutient un document semblable pour recenser tous les super héros. Là où l’Amérique de notre monde se méfie d’elle-même, Tony se méfie des autres super héros. Cela contribuera à un schisme au sein des super héros baptisé Civil War, la guerre civile entre ceux refusant de plier face à Tony et au gouvernement américain qu’il incarne et ceux voulant servir la cause du peuple, de tous les peuples.

Fait amusant est l’antagoniste de Tony contre cette image de l’Amérique, à savoir Captain America qui abandonnera le combat qu’après avoir aperçu toute la destruction que la défiance entre les deux camps a engendré. Le Capitaine de l’Amérique rangea alors son bouclier pour laisser le capitalisme gagner.

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