Épisode 8 : Thor ou comment un dieu nordique devint un super héro américain.

1952, Journey into mystery n°83 : première apparition de Thor.

Aujourd’hui, « Fils d’Odin et de Jörd, Père de Magni et Módi et Thrúdr, Mari de Sif, Beau-Père d’Ullr, Manieur et Propriétaire de Mjöllnir et de la Ceinture de Force, et de Bilskirnir, Protecteur d’Ásgard et de Midgard, Adversaire et mort des Géants et Femmes-Trolls, Bourreau de Hrungnir, de Geirrödr et de Thrívaldi, Maître de Thjálfi et Röskva, Ennemi du Serpent de Midgard, Fils adoptif de Vingnir et Hlóra : Thor ».

Ceci était le kenning, soit la périphrase en langue scandinave de Thor et qui est retranscrite dans le chapitre 11 de la Skáldskaparmál de l’Edda de Snorri.

Car oui, aujourd’hui, nous ne parlons pas d’un super héro inventé mais bien d’un dieu.

Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas (ce qui serait assez étonnant par ailleurs), avant de devenir un super héro Marvel, Thor fut d’abord un dieu vénéré par le peuple scandinave, germanique et une partie de l’Empire romain (rappelons au passage que Rome ne vilipendait pas les dieux des territoires conquis mais au contraire, les faisaient sien).

Donc, Thor, comment un dieu est-il devenu un super héro ?

Pour rappel, les super héros ont été créé pour deux raisons : soit pour une commande (tel Captain America ou Batman), soit pour incarner les idéaux de leurs créateurs.

A ce titre, nous avions parlé lors de notre première chronique de Superman.

Superman, ce moïse mis sous stéroïde fut le premier super héro.

Le succès étant là, bon, ben, ceux qui sont dans l’industrie du comics se mettent à créer des super héros.

Mais on a beau être extrêmement imaginatif, tout a une limite.

D’autant que nous parlons des années 60, une époque où être auteur de comic book, c’est être mal payé et, en tant que scénariste, vous devez rédiger une quinzaine d’histoires tous les mois.

Aussi, il devient difficile d’être singulier quand on doit produire à la chaîne.

Mais Stan Lee trouve toujours des solutions.

Le gars qui a remonté Timely comics pour en faire Marvel comics à des idées à la pelle.

Pour un temps en tout cas.

Ok, il a créé Iron man, Hulk, Ant man, la guêpe, les X-men, les 4 fantastiques, les Avengers, Black panther, et plus et plus

mais, comme nous le disions dans les épisodes précédents, il n’a pas tout créé.

Captain America, Spider man et donc Thor ne sont pas de lui.

Nous avions expliqué les ressurections de Captain America et de Spider man mais Thor ?

Et bien c’est très simple : comme l’a clairement stipulé Stan Lee, s’il faut créer un super héro, soit une forme de Dieu, autant prendre un vrai Dieu !

Et pour Stan Lee, la mythologie scandinave lui semblait assez opaque pour le grand public pour qu’il puisse jouer avec celle-ci.

A ce Dieu, il ne manquait plus que la touche Marvel, la touche que Stan Lee a créée et propagée dans toute la maison des idées.

Pour Stan Lee qui était admiratif de Superman, il se demanda une chose simple : ok, il est super fort, il vole, etc. mais quand il rentre chez lui, comment il lave son costume ? comment il paye son loyer ? Son job de super héros, ça lui prend quoi ? 10h par semaine, plus ? et le reste du temps, qu’est-ce qu’il fait ?

Pour Stan Lee, il fallait à tout prix créer des scènes de la vie quotidienne, des scènes qui éprouvent le super héro. Spider man est un ado sans le sou qui cherche toujours à aider Tante May, Hulk est un scientifique qui voit ses frustrations transformées en monstre cataclysmique, Iron man est un génie alcoolique… mais pour Thor ? On parle d’un dieu, d’un vrai dieu qui fut adoré durant des siècles par des centaines, voire des milliers d’hommes (peut-être même qu’il existe encore aujourd’hui parmi nos auditeurs des fidèles Thor ?)

Lee a alors l’idée : il va lui créer un double. Mieux, il va le rendre humain. Aussi, dès la première apparition de Thor dans les comic book, Stan Lee écrit que, pour lui enseigner l’humilité et la compassion, le père de Thor, Odin, l’a condamné à vivre sur Midgard (soit la terre) dans le corps d’un infirme, le docteur Donald Blake.

Ce brave docteur a besoin d’une canne pour marcher mais quand il en ressent le besoin, en frappant sa canne sur le sol, celle-ci se transforme en Mjolnir et il redevient Thor pour un temps limité.

Et puis, avec la mythologie scandinave, on arrive aisément à ce qui est l’une des caractéristiques des super-héros, à savoir l’éternel retour du statu quo.

Les super-héros évoluent, des fois meurent mais reviennent toujours à ce qui est leur première définition.

Aussi, le Ragnarok, le crépuscule des dieux dans la mythologie scandinave n’est pas une fin mais un recommencement.

Les années passèrent et Ragnarok eut lieu deux fois, voire trois dans les comics et Donald Blake fut abandonné. Ne reste plus dès lors que le Fils d’Odin et de Jörd, Père de Magni et Módi et Thrúdr, Mari de Sif, Beau-Père d’Ullr, Manieur et Propriétaire de Mjöllnir et de la Ceinture de Force, et de Bilskirnir, Protecteur d’Ásgard et de Midgard, Adversaire et mort des Géants et Femmes-Trolls, Bourreau de Hrungnir, de Geirrödr et de Thrívaldi, Maître de Thjálfi et Röskva, Ennemi du Serpent de Midgard, Fils adoptif de Vingnir et Hlóra…

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