Originaire de Mulhouse, le groupe Mercyless fête ses trente-cinq ans de carrière à l’occasion d’un concert au Noumatrouff le samedi 18 décembre dans le cadre du festival Locomotiv. Une soirée idéale pour aller headbanger. Il est donc temps de faire le bilan de ces trente-cinq années avec une interview « Spéciale Trente-cinq ans » avec Max Otero, guitariste et chanteur du groupe. En avant pour plus de trois décennies de sauvagerie et de vitalité avec le fondateur du groupe.

Crédits : Philippe Deleage

En trente-cinq ans, vous êtes passés d’un enregistrement analogique à un enregistrement numérique. Cela a-t-il changé votre façon de composer et d’enregistrer vos morceaux?

Non pas vraiment…. On a toujours continué à bosser de la même manière, à savoir, on prépare des riffs chez nous et ensuite on met en place tout ça dans notre local de répétition. Pour l’enregistrement c’est un peu différent aujourd’hui avec le tout numérique, on va dire qu’il y a une certaine facilité et rapidité à réaliser un album grâce aux outils numériques et aux nouvelles techniques ( contrairement à l’époque de l’analogique qui demandait un réel travail en amont et beaucoup d’organisation pour éviter de perdre du temps et de l’argent….. Le studio coûtait une blinde à l’époque !) qui permettent de travailler dans des home studios pour moins cher. Par contre le revers de la médaille, ce sont les productions qui de nos jours deviennent plus fades, sans relief et qui finalement se ressemblent de plus en plus…. Au détriment de la musique !

En trente-cinq ans, vous avez toujours réussi à creuser de nouvelles brêches musicales, à l’instar du dernier album The mother of all plagues. Qu’est-ce qui vous anime quand vous jouez de la musique?

Après autant d’années, pour continuer à jouer une telle musique il faut garder une certaine colère et toujours se remettre en question pour continuer à aller de l’avant. Cette musique est un exutoire, un besoin quotidien et une forme d’expression qui nous permettent de cracher notre haine de ce monde ! Il y a un cimetière qui pousse au fond de moi et qui reflète mon côté sombre.

Chaque album est un repère dans le temps et un marqueur sur l’échelle de nos vies et de notre histoire !

Max Otero

En trente-cinq ans, chaque album a-t-il toujours été autant une aventure musciale qu’humaine?

Oh oui ! Exactement…. Chaque album est un repère dans le temps et un marqueur sur l’échelle de nos vies et de notre histoire ! On a appris tellement de choses ensemble, on a rencontré tellement de situations grotesques, on a vécu des moments d’une telle intensité, on s’est souvent remis en question, on a créé des trucs de fous, fait des choses incompréhensibles…. . Faire un album, pour nous est une expérience qui permet d’évoluer !

En trente-cinq ans, Mercyless a connu des pauses. Est-ce important de s’arrêter par moments pour mieux se retrouver après?

Ce n’était pas voulu au départ mais en 2000 on était lessivé, fatigué des tournées et du bizness en général… du coup on s’est mis en stand-by pour recharger les batteries…. Le truc, c’est que cela a pris 10 ans ( !)… mais on a jamais arrêté de jouer, on a juste fait et appris des choses différentes pendant ce hiatus…. On a touché des horizons musicaux différents et travaillé sur la production en studio…. Ensuite il est vrai à un certain moment il y avait de nouveau cette lave de colère qui commençait a revenir en nous…. Donc il était évident pour nous de revenir !

En trente-cinq ans, tes goûts en matière de métal ont-ils évolué? Ecoutes-tu toujours avec autant de plaisir des groupes comme Slayer, Pestilence, Death ou encore HELLHAMMER?

Encore plus qu’avant…. Car cette scène « métal » moderne m’emmerde. Et même s’il y a des groupes et des albums qui me plaisent actuellement, en général je me réfugie dans la nostalgie du passé car comme tu le sais la nostalgie a cette faculté de rassurer ! Et comme tu dis toujours dans les Pestilence, HELLHAMMER, Venom, Death, Slayer, Morbid Angel, Deicide…. Pourquoi changer, on y trouve notre compte !

En trente-cinq ans, as-tu encore toutes tes dents? Aucune de cassée malgré vos concerts?

Oui même s’il est clair que souvent la sauvagerie de certains concerts a failli nous coûter quelques blessures…. Mais on est toujours là, prêt à en découdre. C’est une musique très physique qui demande un peu plus de préparation avec les années.

En trente-cinq ans, le visuel de vos albums a toujours beaucoup compté, à l’instar de la pochette du dernier album signé par Nestor Avalos. En quoi la partie visuelle alimente-elle ton travail et la manière de percevoir la musique?

Tout simplement la pochette d’album se doit d’être le reflet de la musique…. En regardant une pochette on doit savoir à qui on a à faire et quelles sont les intentions et le message derrière un dessin ou un design. Ma façon d’interpréter ma musique se transmet à travers les images. Il est donc clair que pour faire cette musique il faut avoir une représentation visuelle en adéquation pour être sûr de faire passer le message.

En trente-cinq ans, la musique vous a-t-elle permis de comprendre des choses sur toi-même et le groupe?

Oui il est évident que l’on a appris beaucoup de choses et même avec le temps. On a trouvé une certaine place dans cette société et dans le business. Avec les années on a appris à faire des choix et a comprendre notre rôle dans cette société en déliquescence…. Aujourd’hui avec du recul et avec un peu de « bouteille « on sait où on met les pieds, on ne se pose plus de questions, et surtout on sait dans quelle direction on va.

En trente-cinq ans, es-tu nostalgique de tes débuts en 1987 avec la scène death trash?

Toujours ! même si aujourd’hui le thrash et le death des débuts n’étaient pas le plus aboutis. On a su garder cette innocence et ce besoin de découverte que l’on avait à l’époque qui nous a permis de nous construire musicalement. On reste fidèle à nos influences pour garder une certaine authenticité.

Avec les années on a appris à faire des choix et à comprendre notre rôle dans cette société en déliquescence.

Max Otero.

En trente-cinq ans, avez-vous déjà saccagé des chambres d’hôtels ou des salles de concert?

Des chambres d’hôtels non ! On ne nous donnait pas souvent des chambres d’hôtels d’ailleurs !…. Des salles de concerts oui… on en a dévasté quelques-unes, je dois l’avouer ! Dans l’underground de l’époque, les salles de concerts ressemblaient souvent à des bunkers et des champs de bataille….c’est plus le cas aujourd’hui, ça sent plus le déodorant et le savon…. Autre époque !

Coco Chanel a dit : « A trente ans, une femme doit choisir entre son derrière et son visage. » Et toi que choisis-tu?

Coco Chanel ? Putain tu me fais peur ! Ah ! Ah…. Le visage bien sûr…. Le reflet de l’âme est le témoignage d’une vie.

Après trente-cinq ans, dans quel état êtes-vous avant de jouer samedi au Noumatrouff?

Pire qu’avant…. Avec l’âge on est toujours plus en colère ( je sais pas pourquoi mais c’est le constat !) avec une énorme envie de montrer que l’on est là pour les bonnes raisons !… Et surtout très content de revoir les potos après cette triste période.

Que faut-il vous souhaiter pour vos trente-cinq prochaines années?

Ben la même chose…. Rester actif, sans compromis, sans concession et toujours diffuser notre musique sombre, irréligieuse le plus possible.

On est une association qui s’appelle Cultures Sauvages. Que t’évoque ce terme?

Je trouve ce terme excellent et en totale adéquation avec le death metal…. Une forme de culture loin des sentiers battus ! Que dire de plus….

Crédits : Elise Diederich

Retrouvez Mercyless en concert au Noumatrouff le samedi 18 décembre pour le festival Locomotiv.

Pour plus d’information :

Antoine

S’il fallait résumer ma vie, je dirais que je suis un mélange entre Laure Adler, Droopy et Edouard Baer.

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