Parfois, un ou une libraire met sur votre chemin une révélation. C’est toute la beauté des lecteurs flâneurs. Là, si vous avez cette chance, ce roman sera mis entre vos mains.

Un très étonnant et éclairant roman d’une primo-auteure tasmanienne, Erin Hortle, une quête étonnante et fulgurante en justesse, un pari des éditions Dalva.

Une femme et une pieuvre se croisent, de la chute à la renaissance.

Comment se reconstruire après un moment difficile, après avoir été marqué dans la chair ? Comment appréhender physiquement et psychologiquement son nouveau corps ?

Comment garder pied ou tentacule, liberté et instinct, vie et envie ?

L’Octopus et moi, Erin Hortle


Entremêler dans une fiction une histoire forte et un univers biologique passionnant.

Une nouvelle maison d’édition, un pari tenu

Ce roman marque la naissance d’une maison d’édition, d’un projet bien défini : « Publier peu, s’impliquer tout au long de la vie du livre […] Surtout explorer la question de la place des autrices dans notre monde littéraire. » 

Clin d’oeil dans le choix du nom des éditions : Dalva, roman de Jim Harrison, a été lu par l’éditrice quand elle était adolescente.

Elle n’a jamais oublié l’héroïne : « Une femme libre et émancipée, sensuelle, profondément connectée à la nature qui l’entoure et animée d’une quête intellectuelle et culturelle forte.»

Éditer pour tisser des ponts entre divers pays et cultures, pari tenu avec la publication de L’octopus et moi d’Erin Hortle, traduit par Valentine Leÿs.

Une étonnante et déroutante entrée sur la scène littéraire, pour l’éditrice et pour l’auteure : « changer le monde, pour le comprendre, pour nous faire rêver »

Un délicieux roman, entre échappatoire et quête incernable

Une écriture inclassable et multiclassable, une écriture contemporaine et pleine d’air, sortant des chemins où tout le monde attendait l’écriture, auparavant, un classique à la main et un monocle académique à l’oeil, une voix contemporaine qui s’inscrit comme un choeur sur la main.

L’Octopus et moi, Erin Hortle

Une héroïne incernable car portée par le désir et le besoin de justesse, entre l’image de son corps et le regard des autres, emmenée par l’océan et les pieuvres vers ce qu’elle a enfin envie de voir du monde et d’elle-même.

 » Mon corps déborde il palpite il ronronne il est prêt. Le monde se meut si lentement au gré de la marée qui déferle et inspire et expire. Avant cela me suffisait mais maintenant mon corps est plein et je sens trop de choses je touche-vois-goûte la crasse poissonneuse qui poisse ma peau. (…)Le monde soupire souplement mais je veux qu’il bondisse et balance je veux les courants qui cavalent qui avalent qui dévalent.

L’Octopus et moi, Erin Hortle

Un style libre et libérateur, initiatique, sans limite quant aux routes à emprunter pour mener jusqu’au bout les idées portées par les mots.

Parfois, lire, écrire, c’est accepter de dérouter, d’être déroutant et dérouté soi-même.

L’Octopus et moi, Erin Hortle,

Et les lecteurs, les personnages se trouvent là où ils ne savaient pas encore qu’ils allaient enfin, incroyablement et étonnamment, trouver le sens de leur quête de vérité.

Un pieuvre, une femme

Une pieuvre cherche à rejoindre l’Océan Pacifique pour y pondre ses oeufs et doit pour cela traverser un bras de terre, quitter son monde, son élément, tout ce qu’elle connaît.

Une femme a vécu une terrible épreuve : santé, relations, soubresauts. Elle ne sait plus très bien qui elle est ni ce qui est essentiel, à ses yeux.

Une nuit, leurs chemins se croisent et tout bascule.

Finalement, peut-être que ce roman tombe à point nommé en cette fin de confinements successifs et mondiaux.

L’Octopus et moi, Erin Hortle,

Un très beau roman, donc, protéiforme et sans genre classique dans lequel être enfermé.

Un choeur de vies sauvages, humaines et en quête de sens, en écho avec nos voix intérieures actuelles.

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