Dans son premier film intitulé 90’s, Jonah Hill nous replongeait avec grâce et poésie dans l’univers des années 90, entre clips MTV aux couleurs criardes, skaters adolescents en quête de liberté et grunge sauvage à la force punk.

Il semble bien que le groupe DYE CRAP sorte tout droit de ce film, comme la bande originale des années d’adolescence où South Park et Tony Hawk comptaient bien plus que l’école. On imagine bien les héros du film de Jonah Hill écouter l’album de DYE CRAP à fond dans un bon walkman. Le groupe convoque autant la force mélodique pop du grunge américain que l’énergie foutraque et garage du punk anglais et australien.

Car si DYE CRAP convoque ces souvenirs musicaux précieux des années 90, il rappelle avant tout qu’un bon album s’impose par son évidence. Et c’est bien le cas avec eux : évidence du rythme avec une une basse et une batterie qui forment les bataillons, évidence des mélodies qui restent collées au cerveau comme un bon chewing-gum à la fraise, évidence de l’attitude et de l’énergie punk et joyeuse qui donnent envie d’envoyer tout valdinguer.

Le groupe revendique cette volonté de jouer sur cette énergie garage :

On a toujours été amateur de gros riff garage plein de fuzz, ça se retrouve sur des morceaux de l’album un peu plus « face B ».

DYE CRAP

Composé de Maxime au chant et à la guitare, de Maryan à la guitare, de Léo à la batterie et de Serj à la basse, DYE CRAP vient affoler vos repas dominicaux trop guindés en donnant un bon coup de pied dans le rôti familial pour vous convier à aller boire des coups.

Il faut préciser tout de suite que l’album s’écoute d’une traite, les cheveux sales, les pieds sur la table et une bière à la main. Dès le morceau inaugural, My Shits, le groupe donne la couleur : apprécier l’instant, ne penser à rien d’autre et hurler avec les copains et les copines qu’on est bien content d’être en vie. Sans oublier d’afficher cet esprit légèrement kitsch et rien à carrer de que l’on peut penser. Il suffit de faire la bonne musique et de profiter.

Cela a été d’ailleurs très clair pour le groupe :

La première compo a été « My Shits » qui a un peu défini notre manière de composer, et le mood de l’album, avec des morceaux très direct, qui ne dépassent pas les 3min.

DYE CRAP

L’esprit braillard et garage ne s’arrête donc plus et le morceau suivant Booze Cruise le confirme. On est bien parti pour faire la nique aux temps moroses et tristes. Rien de tel que le morceau Fight pour ragaillardir l’auditeur et l’auditrice en mal de sensations musicales fortes. La musique, c’est bien quand les décibels se cognent aux corps transpirants. La voix du chanteur est bien là pour nous rappeler que ces dix morceaux ne sont pas une promenade digestive avec grand-oncle Bernard mais plutôt de jouer à la guitare avec tonton Patrick et de lui tirer la langue, comme on peut se l’imaginer sur la pochette de leur album. Le groupe maitrise donc bien cet esprit foutraque, volcanique et garage, à mi-chemin entre Mac De Marco et The Oh Sees.

DYE CRAP s’écoute fort , bien fort en hurlant à tue-tête cette nostalgie enfantine présente dans le morceau Gameboy. Les quatre membres de DYE CRAP propose bien une musique qui parle directement à vos pieds.

La chanson Cooloroonie vous emporte dans un délire chromatique de couleurs et de changements de rythme où régression rime avec vibration.

L’album se termine par l’excellent Ennemies qui vient clôturer une expérience musicale marquée par un son simple et sauvage, qui va droit à l’essentiel.

Si l’adolescence est marquée par le mal-être et la mélancolie, il suffit de savoir prendre le bon médicament. Avec l’album éponyme de DYE CRAP, la posologie est toute trouvée : matin, midi et soir, le son à fond, hurlant fort en mode sale gosse retrouvant le temps d’un album la force mélodique et élastique d’un chewing-gum à la fraise.

DYE CRAP-DYE CRAP

Sortie le 30 avril 2021

Labels : Kids are Lo-fi Records / Le Cèpe Records / Time Room Records

Antoine

S’il fallait résumer ma vie, je dirais que je suis un mélange entre Laure Adler, Droopy et Edouard Baer.

Laisser un commentaire